Violence scolaire : une bombe à retardement pour la société, selon le CLA

Violence scolaire : une bombe à retardement pour la société, selon le CLA

Avec pas moins de 300 cas de violence recensés entre septembre et décembre durant l’année 2013 grâce à une étude effectuée au sein et aux alentours des établissements scolaires, le Conseil des lycées d’Algérie tire la sonnette d’alarme. Pour ce syndicat, il serait grand temps que des instances de concertation se rassemblent «pour affronter la bête» qui n’est autre que la violence scolaire.

Il faut sauver les enfants et la société de ce fléau qui ne cesse de grandir à travers les années, a appelé en effet Bachir Hakem membre du Conseil des lycées d’Algérie. Pour ce professeur de mathématiques au Secondaire, seul un investissement total de toute la société dans l’École nous épargnera le pire car, souligne-t-il, la violence à l’école est une bombe à retardement dans la société entière. «La mèche est allumée depuis longtemps et tout ce qui se passe actuellement n’est qu’un petit échantillon de ce qui nous attends», prévient-il dans ce contexte.

Se basant dans son analyse sur des études réalisées sur le terrain, Bachir Hakem indique que le phénomène qui se réduisait auparavant à des cas de «petites» violences entre élèves, agressions contre les professeurs ou dégradations des locaux scolaires a cédé la place aujourd’hui à des faits bien plus graves. Il citera dans ce sens des cas de consommation d’alcool, de consommation de drogue, de vente de drogue, de viol, de meurtre, de suicide, de menace, et d’enlèvements.

Qu’ils soient acteurs ou victimes les enfants auraient, poursuit le syndicaliste, vécu, subi ou commis au moins 300 actes de violence durant le premier trimestre écoulé. «Ce rapport basé sur le traitement médiatique de ces cas démontre que les écoliers, collégiens et lycéens ne sont pas plus protégés sur les bancs scolaires qu’ailleurs», dira-t-il. Toujours, dans le cadre de ces enquêtes, Bachir Hakem estime que si 60% des cas de ces faits se sont produits au sein des établissements scolaires, il n’en demeure pas moins que 64% d’entre eux sont liés à des affrontements ayant lieu dans des espaces entourant ces établissements.

En outre, il a été révélé qu’un grand nombre de cas de violences recensés à l’extérieur des établissements sont provoqués par des éléments étrangers et par des délinquants qu’il serait difficile de catégoriser, que ce soit sur la base d’âge, de niveau social ou intellectuel. Ces éléments sont généralement des détracteurs sexuels, des trafiquants de drogues ou des voleurs à l’arraché. Le syndicaliste relève, d’autre part que, quantitativement, c’est le milieu urbain qui connaît le plus de dérapages, et ceci serait dû en premier lieu à la condensation démographique et à d’autres spécificités socioculturelles.

Ce qu’il faut savoir, cependant, soulève-t-il, c’est que les cas les plus graves et les plus complexes sont recensés dans le milieu rural, où viol et enlèvement sont devenus monnaie courante. Il est à noter dans ce sens que la violence physique domine à la fois le milieu rural et celui urbain. En totalité, une centaine de cas allant de simples accrochages au meurtre ont été relayés par la presse durant l’année scolaire 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016. Pour pallier à ce gros problème qui menace l’École et afin d’asseoir une politique de prévention, le CLA, outre les campagnes de sensibilisation, fait appel à plusieurs acteurs sociaux pour compléter les mesures et dispositifs qu’ils doivent être mis en œuvre. Ces acteurs peuvent faire partie du gouvernement, wali, chef de daïra, élus locaux, magistrats, policiers, gendarmes conseillers d’éducation et chefs d’établissements scolaires, enseignants, parents, média, et bien entendu élèves et leur parents.

Ania Nait Chalal