Violence en milieu scolaire Quelle riposte à l’agressivité ?

Violence en milieu scolaire Quelle riposte à l’agressivité ?

La violence en milieu scolaire n’est pas un fait récent, elle est devenue un problème social d’une importance capitale. Les actes de violence au sein des écoles ne sont pas spécifiques au milieu urbain, ce phénomène est aussi observé dans les régions rurales.

Les établissements scolaires connaissent ces dernières années une rucrudescence des actes de violence. Ces violences se passent à l’intérieur et à l’extérieur des enceintes éducatives. Des acteurs du secteur de l’Education, enseignants, syndicats, se sont penchés sur cette question pour poser un diagnostic de la situation et trouver éventuellement des solutions à travers des journées d’étude et des campagnes de sensibilisation et d’information. Le ministère a, dans ce sens, signé une convention avec les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales et de la Défense nationale pour le mise en place un dispositif de sécurité à l’intérieur des enceintes éducatives en y associant aussi bien les responsables que les enseignants dans la sensibilisation des élèves concernant ce phénomène. Ce dispositif est entre autres solutions proposées pour mettre un frein à ce problème. Il préconise l’accompagnement des éducateurs afin de remédier aux difficultés auxquelles font face les élèves en étant à leur écoute.

Des syndicats du secteur ne sont pas en reste et s’attellent de leur côté pour cerner les causes de cette violence en milieu scolaire. Pour Boualem Amoura, SG du Satef, le changement qu’a connu la société algérienne ces deux dernières décennies a fait que l’enfant est élevé par ses parents (petite famille) alors qu’avant, la grande famille (grands-parents, oncles, tantes) en sus de son environnement immédiat participaient à cette mission. Aujourd’hui, vu l’individualisme qui caractérise la société, l’enfant ne tisse pas de liens avec sa famille élargie, il se retrouve dans la rue avec des individus infréquentables. Le premier responsable du Satef explique que les actes de violence dans les établissements scolaires ne sont pas fréquents et ne sont pas aussi graves comme dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis. Il dira aussi que cette violence est refoulée des années durant. Des enfants ont vu leurs parents égorgés par les terroristes durant la décennie noire où la violence était à son paroxysme. Des familles déplacées, des enfants assassinés… Amoura explique que cette période a marqué toute une génération qui n’arrive pas à surmonter cette violence qui trouve son prolongement dans l’école. Pour endiguer ce fléau, le syndicaliste préconise la mise en place d’une commission de psychologues pour accompagner ces élèves en difficulté. « Il faut un psychologue dans chaque commune qui prendra en charge ces cas de violence », suggère-t-il. Boualem Amoura précise que « la violence en milieu scolaire est l’affaire de tous, ministère, enseignants, parents d’élèves, services de sécurité et bien sûr les enfants, les premiers concernés ». Selon une étude du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), la violence en milieu scolaire n’est pas un fait récent ; elle est devenue un problème social d’une importance capitale. Il relève que les actes de violence au sein des écoles ne sont pas spécifiques au milieu urbain. Ce phénomène est aussi observé dans les régions rurales. Cette situation que connaît l’école est la somme de divers facteurs dont les plus éminents sont la frustration et le manque de sens de l’éducation, le déclin de l’attractivité de l’école et l’ignorance des valeurs de respect et de tolérance, explique l’étude du CLA.

- En chiffres

Le rapport a listé différents types de violence que les jeunes peuvent subir. Il souligne que 40% des cas de violence ont un risque qui va de simple à moyen et est réparti entre actes de vol, de vandalisme et menaces. Il est vrai que la violence dans les écoles n’est pas un phénomène nouveau. Seulement, elle a enregistré une recrudescence selon les chiffres fournis qui indiquent que 80% des cas de violence sont jugés très graves : coups et blessures, enlèvements, viol, assassinat. Dans son rapport, le CLA a relevé plusieurs types d’incidents dont, entre autres, l’atteinte aux personnes, les violences sexuelles, la consommation et la commercialisation de drogue, le port d’armes prohibées. Cette étude, qui s’est étalée sur 4 ans, a permis aux membres de ce syndicat de recenser à travers les établissements scolaires ces violences allant de la simple rixe entre élèves au meurtre.Concernant l’atteinte aux personnes, elle représente 80,5% des actes de violence durant l’année scolaire 2010-2011, 82,6% (2011-2012), 83,9% (2012/2013), et 85% (2013-2014). On remarque que que ces actes vont crescendo. Pour la consommation de drogue en milieu scolaire, 3,5% de ces actes se rapportent à ce phénomène durant l’année scolaire 2010-2011, 3,8% (2011-2012), 4,9% (2012-2013) et une hausse importante de 7,9% en 2013-2014. Les actes de vandalisme (dommage aux locaux et/ou au matériel) sont aussi importants. On relève une moyenne de 16% des actes de violence signalés durant la période de référence.