Violence dans les écoles et agression sur les enseignants, Propagation du phénomène et absence de solutions

Violence dans les écoles et agression sur les enseignants, Propagation du phénomène et absence de solutions

Le phénomène des agressions sur les enseignants dans les établissements scolaires dans la wilaya d’Oran est toujours d’actualité. Plus encore, la situation a connu une augmentation spectaculaire durant les cinq (5) dernières années, selon une étude approfondie menée par des spécialistes de l’enseignement en collaboration avec des sociologues.

L’année scolaire précédente a enregistré plusieurs agressions et des cas de violence dans la wilaya d’Oran, a l’exemple de l’agression d’une enseignante au lycée Ben Athman. Cette situation, rappelons-le, a profondément agité la famille de l’Education de la wilaya, en soulevant au même temps, des interrogations sur la propagation du phénomène.

Selon cette étude, la violence morale atteint 50% au niveau des CEM et des lycées, et que près de 1 000 agressions sur enseignants ont été enregistrées durant les cinq dernières années. A chaque incident similaire, le recours à l’arrêt des cours, et les protestations font le décor des établissements scolaires. Mais les experts affirment que ces réactions simultanées sont improductives.

Toutefois, le passage devant le conseil de discipline doit être systématique pour chaque élève ayant touché à l’intégrité physique ou moral de son enseignant. Les collectifs des lycées sont toujours catégoriques, en attendant une validation systématique par la direction de l’Education, et des mesures prises par le conseil de discipline.

Ces procédures n’empêchent pas que des élèves récidivistes ayant écopé de sanction d’exclusion définitive de la part de la direction de l’Education, soit réintégrés dans d’autres établissements scolaires, avec les pots de vin et les pressions des parents d’élèves qui sont de la partie.

SUSPENSION ET EXCLUSION, SONT-ELLES DES MOYENS RÉPRESSIFS ?

Les agressions contre les enseignants se sont multipliées ces dernières années et leurs auteurs ne sont pas poursuivis devant la justice. Les sanctions se limitent à des exclusions, parfois temporaires, sans plus. Les instances judiciaires sont très peu sollicitées ou impliquées dans ce genre d’affaire qui reste dans le cadre de la famille de l’éducation.

«Il n’est pas normal que des protestations d’enseignants se transforment en grèves générales touchant des dizaines d’établissements scolaires, alors que le responsable et la victime, constituent deux parties. Un problème qui aurait pu être soigneusement réglé, si l’affaire était prise dans le cadre de la loi et sous l’autorité d’une instance judiciaire compétente, qui aurait pu éviter un arrêt de cours pénalisant le reste des élèves».

C’est ce que la majorité des parents d’élèves rapprochent à la famille de l’éducation, à chaque déclenchement d’une affaire similaire. Pour le conseil des lycées d’Algérie, les ingrédients pour l’exacerbation de l’insécurité dans les établissements éducatifs, sont présents, caractérisés par les risques de la surpopulation des classes et sur le manque d’agents (adjoints d’éducation), chargés d’assurer la discipline et la sécurité dans les établissements.

LA VIOLENCE DANS LES ÉCOLES, UNE PROBLÉMATIQUE ET DES EFFETS IRRÉMÉDIABLES

Plusieurs études ont été menées au niveau national, malheureusement par des initiatives parfois personnelles, mais jamais sous une tutelle ou avec la participation d’un organisme étatique concerné a priori par cette situation.

Les objectifs liés à la problématique de cette recherche et les connaissances associées aux domaines d’étude du stress psychologique et du traumatisme psychique, amènent à formuler les hypothèses suivantes, les agressions sont vécues par les enseignants comme des situations excédant ou risquant d’excéder leurs ressources adaptatives en tant qu’individu et professionnel.

C’est l’identité de la personne et celle de l’enseignant qui sont atteintes ou menacées. L’agression d’un enseignant par un élève n’est pas innocente.

Comparativement à d’autres formes d’agressions, l’originalité de l’acte réside dans le fait qu’il a été délibérément induit par un être auquel l’enseignant se consacre directement ou indirectement, et ce, souvent par vocation. A ce titre, les liens qui unissent l’enseignant à son métier et les représentations qui lui sont associées, semblent devoir être pris en compte. Mais d’autres variables entrent en considération dans l’évaluation de l’agression.

Le soutien professionnel joue un rôle essentiel et la cohésion de l’équipe éducative s’appuyant sur un sentiment d’appartenance pour l’enseignant victime, réduit le stress et favorise l’adaptation dans un état normal et face aux réalités de ses engagements professionnelles pour le bien-être des élèves.

Plusieurs incidents graves sont signalés ici et là, dans les établissements scolaires dans la wilaya d’Oran, induisant parfois des climats de psychose, notamment parmi les enseignants, une situation pénalisante à tout le système éducatif.

La surcharge des programmes de la réforme est parmi les principales causes de cette situation, soulignent plusieurs enseignants et parents d’élèves, l’obligation de réussir pour l’élève, une formule émise par les parents et les enseignants en même temps, ajoutant à cela la nouvelle surcharge des classes et la densité du programme, qui constituent des éléments au poids trop lourd, et un fardeau que la moitié des élèves ne s’en sortent pas sans séquelles. Une vérité qui a contribué fortement à la propagation de la violence dans les écoles.

S. Ourabah