Violence dans la famille et dans les stades: Des psychiatres en parlent

Violence dans la famille et dans les stades: Des psychiatres en parlent
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La famille et la société pointées du doigt par des experts en psychologie.

La violence dans la société algérienne a été, durant une journée, au menu des spécialistes où des approches nouvelles ont été avancées pour la lutte contre ce phénomène qui ronge la cellule familiale. Des formes de violence impitoyable travaillent actuellement en amont et en aval de la société, telles la violence conjugale et la violence contre les enfants. Des types effroyables de violence se sont exercés et s’exercent encore dans notre pays comme le terrorisme des années 1990 et les kidnappings d’enfants de ces dernières années.

Toutefois, si le 6ème Congrès national de psychiatrie qui s’est tenu à l’EHS d’Oued Aïssi a touché à plusieurs facettes de ce drame existentiel continuel, un thème a retenu l’attention, car, directement lié à l’actualité, la violence dans les stades. Ce phénomène de violence dans les stades qui prend des proportions alarmantes ces dernières années a en effet été le sujet d’une communication animée par les professeurs Y.Bouguermouh, K.Bessedik, Dr Y.Sadouki et Pr M.A.Bencharif de l’EHS Frantz-Fanon de Blida.

Pour situer leur sujet, les spécialistes ont commencé par mettre en évidence l’étendue dramatique de la violence en affirmant qu’aujourd’hui on peut mourir pour rien sur l’autoroute, dans un stade, dans un quartier. Le plus grand danger est qu’il y a banalisation de cette violence qui se manifeste selon eux par des envahissements de terrains, agressions des arbitres ou mêlées générales ou encore jets de projectiles. Il était en effet impensable et inadmissible jusqu’au jour où cela est arrivé.

Un joueur étranger a trouvé la mort dans un stade de football algérien. L’affaire Ebossé, l’attaquant camerounais de la JS Kabylie, tué à la fin d’un match au stade du 1er-Novembre a été le révélateur du danger. Aussi, les conférenciers ont d’emblée situé les origines de ce qu’ils appelaient les «clubs de supporters». Elle naît donc dans une logique d’opposition entre groupes de jeunes qui fuient la dure réalité quotidienne et la construction identitaire qui poussent dans certains cas à adopter des conduites violentes.

En fait, plus concis, les conférenciers établissaient à force d’arguments, que le phénomène dans notre pays est le fait de supporters ayant une profonde passion pour leur sport et leur club et n’est donc pas réductible à un phénomène de société où de jeunes délinquants, extérieurs au football, profiteraient du stade pour commettre des actes de violence. Les hooligans se déplacent essentiellement sur les matchs à risques, leur but étant d’affronter les groupes de supporters adverses. Le hooliganisme algérien, considèrent-ils, n’a rien à voir avec le hooliganisme anglais ou allemand. Les jeunes ne sont pas violents, mais incivilisés.

Plus approfondie encore, la vision des conférenciers n’a pas été tendre avec la société et surtout la famille algérienne.

Pour eux, la particularité de la société algérienne, c’est qu’elle prépare les hommes, dans leur bas âge, à occuper un rôle dominant et à penser «redjla». La faute reviendrait aux parents, le père surtout, qui a une grande part de responsabilité dans l’éducation de ses enfants: «La redjla est une vraie catastrophe pour notre société. Assènent-ils. On gave les enfants de mauvaises habitudes en leur apprenant l’affirmation de soi et l’agressivité, puis on s’en rend compte tardivement. Parallèlement à cette construction sociale belliqueuse de l’individu, s’ajoute selon les orateurs, des facteurs psychologiques liés surtout aux circonstances.

Aussi, l’appartenance à un groupe conduit les supporters à s’influencent les uns les autres et à perdre de leur identité individuelle pour adopter l’identité du groupe auquel ils appartiennent. Puis, le bruit joue également sur les supporters qui se situent dans un contexte sensoriel caractérisé par un volume sonore démesuré qui agit sur leur comportement.

En contrepartie, les experts donnent aussi quelques pistes pour lutter contre ce fléau.

Pour inciter les pouvoirs publics à aménager des solutions, ils donnent quelques exemples de pays qui ont adopté des stratégies réussies. Aussi, poursuivent-ils, en Grande-Bretagne, il a été décidé l’interdiction de l’alcool, des drogues et le renforcement de la surveillance policière.

En Suisse, des groupes de travail sur la violence dans le sport ont été créés. En Italie, la méthode qui a donné ses fruits est carrément l’annulation des matchs émaillés par des incidents.

Enfin, nos experts ont émis quelques recommandations pour lutter contre la violence dans nos stades. Beaucoup d’idées ont été données dont les plus importantes sont entre autres la sensibilisation dans les écoles et les médias.