Violence contre les enfants: « Les nouvelles cités sont une bombe à retardement »

Violence contre les enfants: « Les nouvelles cités sont une bombe à retardement »

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Ce sont deux millions d’Algériens qui ne communiquent plus et nourrissent les uns envers les autres un sentiment de haine et de méfiance, a alerté le professeur Khiati.

Alerte! Les nouvelles cités de logements distribués récemment par l’Etat constituent désormais un véritable foyer de prolifération de la violence et de la criminalité à l’égard des enfants en particulier et de la société en général. Ce SOS a été lancé hier par le professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), lors de son intervention au forum de la Dgsn, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’enfance. «Ce sont deux millions d’Algériens qui ne communiquent plus et nourrissent les uns envers les autres un sentiment de haine et de méfiance», a ajouté le professeur, faisant allusion aux habitants de ces nouvelles cités.

La raison de cet état de fait, indique le conférencier, est l’absence des structures de loisirs et de détente sur place, ainsi que des structures d’accompagnement sur le plan psychologique. Au sujet de ce dernier point, l’invité du forum de la Dgsn a interpellé les pouvoirs publics à l’effet d’ouvrir sans délai des structures de prise en charge psychologique au niveau de ces cités. Mustapha Khiati, qui a loué par ailleurs les efforts de l’Etat concernant la préservation des droits des enfants, en instaurant de nombreuses lois en la matière, a fait observer que beaucoup d’efforts restent à faire. «Le problème de la déperdition scolaire qui touche chaque année 200.000 enfants âgés de moins de 16 ans est à résoudre en urgence», dira-t-il, plaidant l’ouverture de classes spéciales pour cette catégorie. «La vaccination en milieu scolaire contre la rougeole et la rubéole doit être aussi obligatoire», a insisté le professeur.

Le phénomène de la maltraitance des enfants est, selon Khiati, aussi inquiétant en Algérie. «Il y a 10.000 cas d’enfants maltraités enregistrés chaque année dont 2000 sont maltraités par leurs proches immédiats», souligne-t-il, appelant l’Etat à trouver les solutions idoines pour ce mal. S’exprimant en outre sur le phénomène de l’enlèvement d’enfants, le président de la Forem a indiqué qu’il y a confusion en ce qui concerne la terminologie en Algérie. «Il y a une grande différence entre les concepts: enlèvement, disparition et fugue. En Algérie, nous assistons plutôt au phénomène de la fugue. Les enquêtes engagées jusque-là ont affirmé cela», a-t-il soutenu, appelant les médias à éviter cette confusion.

7061 cas de femmes violentées en 2018

Présentant pour sa part une communication sur le phénomène de la violence contre les femmes en Algérie, à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la violence contre les femmes, Yasmina Khellas commissaire de police judiciaire, a indiqué que le taux de violence contre les femmes a baissé légèrement en 2018 par rapport à 2017. «Les services de la police judicaire ont enregistré en 2018, 7061 cas de femmes violentées contre 7553 cas en 2017», a-t-elle fait savoir, soulignant que cette baisse est due aux nouvelles lois promulguées par l’Etat. «La tranche des femmes qui subissent le plus de violences sont celles âgées entre 26 et 35 ans.

La violence corporelle est le type récurrent dans les cas enregistrés», dira-t-elle. «Le nombre important de cas de femmes violentées est enregistré à la maison familiale. Les auteurs de violences sont dans la plupart des cas des proches et des conjoints», a fait savoir la conférencière. Le nombre de femmes optant pour le retrait de leurs plaintes auprès des services de police, après leur dépôt, est encore important. «En 2018,763 femmes ont procédé au retrait de leurs plaintes», a signifié la conférencière. La méthode de la vidéo, pour l’enregistrement des plaintes des femmes au niveau des commissariats, n’est pas encore utilisée en Algérie. «La loi ne le permet pas pour l’heure. Cette méthode est évitée sciemment pour ne pas traumatiser doublement la femme», a expliqué la commissaire. La conférencière a fait savoir que la Dgsn mettra à disposition incessamment un guide mentionnant les droits garantis par les différents ministères pour les femmes. Ce guide sera disponible au niveau des commissariats de police.