Alors que des pays s’apprêtent à célébrer aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, plusieurs mouvements engagés dans la défense des droits des femmes en Algérie organisent tardivement, aujourd’hui, un colloque dans la perspective d’un plaidoyer pour l’adoption de lois spécifiques pénalisant les violences faites au femmes.
L’Algérie a connu depuis une décennie beaucoup de transformations politiques, économiques, sociales et culturelles en matière des droits des femmes et de la condition féminine.
Les avancées sont constatables dans tous les secteurs. La femme algérienne s’est fortement imposée dans la sphère économique du pays. Sur le plan professionnel, elle est présente dans tous les secteurs.
En langue des chiffres, l’activité féminine constitue 60% dans les secteurs de l’éducation et de la santé, 35% dans la magistrature, tandis que son rôle professionnel est en croissance continue. A titre d’exemple, l’Algérie comptait en 2009 quelque 113 000 femmes commerçantes inscrites au registre du commerce contre 100 000 enregistrées en 2008.
L’étude réalisée l’année dernière par la Fondation américaine Freedom House a classé l’Algérie parmi les premiers pays maghrébins et arabes, dont les efforts en faveur de la protection des droits de la femme ont connu de grands progrès durant les cinq dernières années. Néanmoins, ces avancées civiles et professionnelles n’ont rien changé aux ennuis sociaux qui ne datent pas d’aujourd’hui.
La violence à l’encontre des femmes constitue le mal commun de toutes les femmes du monde et se conjugue à tous les temps. Son aspect universel n’empêche pas que ce phénomène ait des spécificités propres à chaque pays.
L’Algérie a les siennes. Pour des considérations socioculturelles, voire traditionnelles, l’Algérienne se trouve confrontée à des «tabous» qui font que le nombre des victimes dans notre société est en croissance. En effet, plusieurs questions relatives à la condition féminine constituent des sujets de polémique parfois très sensibles, pour des considérations religieuses notamment.
A vrai dire, le fait que la loi algérienne s’inspire de la religion rétrécie le champ des discussions de la condition féminine en Algérie. Un détail qui fait beaucoup de différence sur la réalité de la condition de la femme.
Malgré toutes ces avancées, l’Algérienne d’aujourd’hui hésite encore à recourir à la justice pour dénoncer la violence dont elle est victime. Beaucoup de femmes préfèrent donner la parfaite image du succès social, cachant leur souffrance des agressions par des proches : époux, père, frère… La loi algérienne ne prend pas suffisamment le phénomène en charge.
Aujourd’hui, c’est le mouvement associatif qui veut briser le silence sur les violences commises à l’égard des femmes. Un colloque est organisé aujourd’hui dans l’objectif d’un plaidoyer pour l’adoption de lois pénalisant les acteurs de violence.
La rencontre se veut un espace de réflexion et de partage d’expériences entre les militants et les militantes des droits des femmes nationaux et internationaux. Y prendront par des participants représentant plusieurs pays tels que l’Espagne, la Tunisie, la France et l’Italie.
Par Yasmine Ayadi