L’Elysée a même jugé nécessaire de démentir sur son site lundi soir, par un texte qui explique vouloir faire «toute la vérité» sur le traité d’Aix-la-Chapelle.
Angela Merkel et Emmanuel Macron ont proclamé, hier, leur volonté de rapprocher leurs deux pays et faire avancer l’Europe, en signant un nouveau traité qui provoque un tollé parmi les nationalistes des deux pays. Le président français a accusé ces derniers de répandre des «mensonges» dangereux à ce sujet. En arrivant hier matin à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, devant l’hôtel de ville du 14ème siècle, les deux dirigeants ont été accueillis par les huées de quelques dizaines de personnes, certaines vêtues de gilets jaunes, aux cris de «Merkel doit partir» et «Macron démission».
L’extrême droite, tant en France qu’en Allemagne, mais aussi la gauche radicale en Allemagne, ont redoublé de virulence contre le nouveau traité de coopération franco-allemande ces derniers jours, agitant le spectre d’une perte de souveraineté. Des rumeurs infondées ont largement circulé, allant de l’intention de la France de partager avec Berlin son siège au conseil de sécurité de l’ONU, une affirmation de Marine le Pen, jusqu’à la cession de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne.» «Ceux qui oublient la valeur de la réconciliation franco-allemande se rendent complices de crimes du passé, ceux qui caricaturent ou répandent le mensonge font mal aux peuples qu’ils prétendent défendre en faisant bégayer nos Histoires», a accusé alors le président français.
L’Elysée a même jugé nécessaire de les démentir sur son site lundi soir, par un texte qui explique vouloir faire «toute la vérité» sur le traité d’Aix-la-Chapelle. En Allemagne, le dirigeant de l’extrême droite Alexander Gauland a accusé Paris et Berlin de vouloir avec le traité créer «une super-UE» à l’intérieur de l’Union européenne. Marine Le Pen a réclamé la saisine du Conseil constitutionnel en France sur le nouveau traité, considérant qu’il n’est pas conforme à la Constitution française.
Défiant ces critiques, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont affirmé haut et fort leur intention de faire «converger» leurs politiques dans tous les domaines, de l’économie à la défense, en passant par l’éducation, la recherche ou la politique étrangère. «Nous actons notre convergence économique et sociale, le rapprochement progressif de nos sociétés, le rapprochement des régions transfrontalières, la création d’une dynamique nouvelle», a dit le président français.
Tant Angela Merkel qu’Emmanuel Macron ont réaffirmé leur volonté de faire émerger à terme une «armée européenne» et jugent que leurs pays ont un rôle moteur à jouer dans ce domaine. La France et l’Allemagne ont adopté notamment «une clause de défense mutuelle» en cas d’agression, sur le modèle de celle prévue au sein de l’OTAN. Ils pourront déployer des moyens ensemble en cas d’attaque terroriste ou coopérer sur les grands programmes militaires, à l’image de leurs projets sur les chars ou les avions de combat.
Paris et Berlin espèrent par leur alliance réaffirmée renforcer le projet européen, affaibli par la montée des eurosceptiques à quatre mois des élections européennes fin mai. «Au moment où l’Europe est bousculée par le Brexit et menacée par les nationalismes, par des défis qui dépassent le cadre des nations, l’Allemagne et la France doivent assumer leur responsabilité et montrer la voie», a fait valoir le président français.
Le traité doit «compléter» celui de l’Élysée signé en 1963 entre le général de Gaulle et Konrad Adenauer, qui concrétisa la réconciliation franco-allemande après la guerre. Le traité est néanmoins signé par deux dirigeants fragilisés: Angela Merkel se prépare à laisser son poste à l’automne 2021, et Emmanuel Macron fait face à la crise des «gilets jaunes».