Le port d’Alger est paralysé depuis la soirée d’avant-hier. Une grève illimitée a été enclenchée par le syndicat pour demander l’amélioration de la situation socioprofessionnelle des travailleurs.
Plus de 2 500 employés sur les 3 000 que compte l’entreprise portuaire ont répondu au mot d’ordre de grève et se disent décidés à ne reprendre du service qu’une fois leur plateforme de revendications «satisfaite». Les protestataires réclament l’augmentation des salaires et la titularisation des ouvriers journaliers.
«En octobre 2008, les autorités publiques ont signé une décision stipulant la titularisation de la totalité des contractuels, mais la direction de l’entreprise refuse d’appliquer cette note», indique un syndicaliste. Selon lui, 240 journaliers attendent toujours leur confirmation. «Les responsables du port ont procédé à la titularisation de certains travailleurs, sur un seul et unique critère, à savoir El Maarifa (connaisance). Les simples travailleurs ont été écartés de cette opération» dénonce notre interlocuteur. Aussi, les grévistes revendiquent l’augmentation de leurs salaires de base ainsi que le régime indemnitaire. Sur ce point, nos interlocuteurs ont tenu à dénoncer la politique de deux poids deux mesures appliquée par la direction du port. «Les travailleurs de certains services ont bénéficié d’augmentations et de rappels, alors qu’une grande partie en a été privée» se plaignent-ils. Les grévistes soulignent, par ailleurs, que l’effectif a été réduit, de 14 000 travailleurs il y a quelques années à seulement 3 000 actuellement ; en conséquence, la charge de travail a beaucoup augmenté, sans que la rémunération ne vienne accompagner cette tendance. «Nous travaillons plus et nous touchons moins, c’est injuste !» s’exclament-ils. Les protestataires affirment avoir transmis leurs revendications, depuis plusieurs mois, à la direction de l’Entreprise portuaire d’Alger, mais sans qu’aucune mesure ne soit prise en leur faveur. Durant la journée d’hier, la direction n’a toujours pas ouvert le dialogue avec les représentants des travailleurs, considérant que cette action de protestation est illégale. Les travailleurs, sous la bannière de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ne semblent pas décider à faire marche arrière, ils tiennent au choix de la grève et ne comptent pas renoncer à leur mouvement de sitôt. Un bras de fer qui risque de persister en l’absence d’un terrain d’entente entre les deux parties. Au niveau de l’infrastructure portuaire, plus de 20 navires de transport de marchandises ont été, d’ores et déjà, bloqués et leur nombre est appelé à augmenter dans les prochaines heures. On croit savoir qu’un navire transportant de la banane a dû changer de cap et aller décharger sa marchandise au niveau du port d’Oran. En cas de poursuite de la grève, il est à craindre de graves perturbations et des pertes inestimables, d’autant qu’il s’agit de l’infrastructure portuaire la plus importante et la plus fréquentée du pays.
Aomar Fekrache