Vietnam: prison avec sursis pour des critiques postées sur Facebook

Vietnam: prison avec sursis pour des critiques postées sur Facebook

facebook.jpgHanoï – Un Vietnamien a été condamné mardi à 15 mois de prison avec sursis pour avoir posté des critiques sur Facebook, un acte considéré comme un «abus des libertés démocratiques contre les intérêts de l’Etat», nouvelle étape de la répression de toute critique par le régime communiste.

De facto, Dinh Nhat Uy, 30 ans, effectuera ses 15 mois de sursis en une forme de résidence surveillée, une procédure classique au Vietnam. Cette période devrait ensuite être suivie d’un an supplémentaire de résidence surveillée, a précisé à l’AFP son avocat Ha Huy Son.

L’avocat a réclamé sa libération immédiate, disant son client «victime d’une injustice», devant ce tribunal de la province de Long An, dans le sud du Vietnam.

Uy était poursuivi selon l’article 258 du Code pénal vietnamien, une accusation régulièrement utilisée contre les dissidents dans le pays où tout débat politique est interdit. Il risquait une peine de sept ans de prison au maximum.

Selon l’acte d’accusation contre Uy– dont une copie a été postée en ligne par le site interdit Dan Lam Bao–, il est le premier militant à être poursuivi au Vietnam pour avoir seulement posté ses critiques sur Facebook.

Il lui est reproché d’avoir «posté des fausses informations au sujet de l’Etat», notamment dans un article intitulé «Ces membres du parti qui acceptent la vérité».

Il y relate une conversation dans un café entre deux cadres du parti communiste au pouvoir, qui parlent «en termes offensants» de la politique des dirigeants.

Ses articles «ont été lus par beaucoup de gens. Nombre d’entre eux les ont partagés, leur ont accolé la mention +like+ et ont publié des commentaires, dont nombre d’entre eux insultaient l’Etat», précise l’acte d’accusation.

Uy avait été arrêté en juin 2013. Son frère, Dinh Nguyen Kha, technicien informatique de 25 ans, avait été condamné en mai à huit ans de prison pour «propagande contre l’Etat».

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, basée à New York, a appelé à la libération immédiate de Uy et indiqué qu’au moins 61 militants et dissidents ont été condamnés pour des activités contre l’Etat depuis le début de l’année, contre quelque 40 en 2012.

Le Vietnam a récemment mis en place une nouvelle loi sur internet qui interdit aux blogueurs et les utilisateurs des médias sociaux de partager des informations liées à l’actualité.

L’an passé, le Vietnam est classé au 172e rang sur 179 en terme de liberté de la presse par Reporters sans frontière, qui le considère comme un «ennemi d’internet».