En cette année exceptionnelle pour l’Algérie qui fête ses cinquante ans d’indépendances, plusieurs ouvrages paraissent autour de la question algérienne, du colonialisme français, de l’ instauration de l’ «Etat-nation ». Mais malheureusement tout ce qui s’édite ne se fait pas en Algérie mais en France.
En ce mois de mars qui nous rappelle, les Accords d’Evian et le cessez-le-feu en 1962, un livre vient de paraître aux éditions l’Harmattan sous le titre L’Assemblée constituante dans le mouvement nationaliste algérien.
Cet ouvrage est signé par Jacques Simon. L’auteur revient sur le concept de l’Assemblée constituante en Algérie dans le mouvement nationaliste algérien durant la période du colonialisme français. Avec un thème aussi délicat, Jacques Simon, qui a déjà à son actif plusieurs ouvrages traitant de l’histoire de l’Algérie annonce d’emblée que « L’Assemblée constituante est le mot d’ordre central du nationalisme algérien. Dès 1927, l’Étoile Nord-Africaine, portée par le prolétariat algérien émigré en France adoptait un programme qui préconisait l’élection au suffrage universel par tous les habitants de l’Algérie (musulmans, Européens et juifs) d’une Assemblée constituante pour fonder une nation algérienne démocratique.
En prenant appui sur les couches exploitées et opprimées du peuple algérien, la Constituante aurait chargé son gouvernement de réaliser tout le programme démocratique, à savoir l’abrogation du régime colonial, la laïcité de l’État, la réforme agraire, l’émancipation de la femme, l’indépendance des syndicats, le développement des forces productives et la satisfaction des besoins économiques, sociaux et politiques des couches populaires.»
Contrairement aux affirmations d’autres historiens spécialistes de la question algérienne, ici Jacques Simon soutient que le programme de L’Etoile Nord-Africaine «n’a pas inscrit son combat en continuité avec les insurrections d’Abdel Kader ou de Moqrani, mais dans celui des nationalités en Europe. C’est ainsi que l’Étoile a participé à toutes les luttes de la classe ouvrière pour la défense des libertés, contre le colonialisme, l’exploitation capitaliste et le fascisme. Le PPA qui lui succède, fait plébisciter la Constituante au Congrès des AML en mars 1945 et c’est sur cette position que s’effectue la scission de MTLD entre centralistes et messalistes.»
En parlant du mouvement nationaliste algérien, il est important aujourd’hui de citer l’historien algérien Mahfoud Kaddache, décédé en 2006. Ce dernier a laissé un ouvrage remarquable sous le titre Histoire du nationalisme algérien. Cette vaste et minutieuse enquête retrace la genèse et le développement du nationalisme algérien depuis les lendemains de la Première Guerre mondiale jusqu’à la veille de l’insurrection. En s’appuyant sur un fonds d’archives exceptionnel (témoignages, cartes, textes, manifestes politiques, articles de presse…), Mahfoud Kaddache exhume plus de 30 ans de lutte pour la reconnaissance des droits du peuple algérien. Sans omettre les contradictions qui ont traversé les différents mouvements nationalistes, il rend compte du combat de ceux qui se sont élevés contre l’occupant français, de cette longue marche faite d’humiliations, de compromis et de défaites… mais toujours guidée par l’espoir et la liberté. Autant qu’un écrit scientifique rigoureux, ce livre est un plaidoyer remarquable pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Par : Kahina Hammoudi