Publicité intrusive, suivi renforcé, extensions neutralisées : l’année 2025 marque un tournant préoccupant pour la protection de la vie privée sur les principaux navigateurs web. À l’exception notable d’Apple, les éditeurs historiques revoient leurs positions, souvent au détriment des utilisateurs.
Depuis le début de l’année, les annonces se succèdent et dressent un constat sans appel : la confidentialité des internautes est de plus en plus fragilisée. Google, Microsoft et Mozilla ont tous pris des décisions qui renforcent, directement ou indirectement, les capacités de suivi publicitaire. En toile de fond, une même question se pose : comment continuer à naviguer sans être constamment observé, profilé et monétisé ?
Google valide le suivi par empreintes numériques
Après des années de discours promettant une publicité plus respectueuse, Google a opéré un virage stratégique. Sous la pression des régulateurs et des utilisateurs, le géant américain avait tenté de remplacer les cookies tiers par des alternatives comme FLoC, Ad Topics ou encore Privacy Sandbox. Des solutions qui, de l’aveu même de l’entreprise, n’ont pas produit les résultats escomptés.
Conséquence directe, Google a renoncé à supprimer totalement les cookies tiers dans Chrome. Plus inquiétant encore, son réseau publicitaire, le plus vaste au monde, autorise désormais la collecte d’empreintes numériques, incluant l’adresse IP des utilisateurs, lors de l’affichage des publicités, et ce, à partir de février 2025.
Cette technique permet d’identifier un navigateur indépendamment des cookies, du mode incognito ou des paramètres de confidentialité. Précises, persistantes et difficiles à désactiver, les empreintes numériques représentent aujourd’hui l’un des outils de suivi les plus intrusifs.
Chrome et Edge neutralisent les bloqueurs de publicité
Autre coup dur pour les internautes, la fin programmée des extensions de blocage efficaces sur Chrome et Edge. Tous deux reposent sur Chromium, un projet open source largement financé par Google, également utilisé par Opera ou Vivaldi.
Depuis plusieurs années, Chromium impose progressivement le passage du Manifest V2 au Manifest V3, un nouveau cadre technique pour les extensions. Si cette évolution apporte certains gains en performance et en sécurité, elle supprime aussi des fonctionnalités essentielles aux bloqueurs de contenu.
Des extensions populaires comme uBlock Origin ou Adblock Plus ont bien tenté de s’adapter, mais une réalité s’impose : seul Manifest V2 permet un blocage publicitaire réellement efficace.
Le Chrome Web Store a cessé d’accepter les extensions Manifest V2 depuis longtemps. À partir de fin 2024, Chrome a commencé à afficher des avertissements, puis à désactiver automatiquement ces extensions. Microsoft Edge a adopté la même stratégie dès février 2025, sans communication préalable notable.
Mozilla s’aventure sur le terrain publicitaire
Longtemps perçu comme le dernier bastion de la vie privée, Firefox traverse une zone de turbulences. La Mozilla Foundation et sa filiale commerciale dépendent historiquement de partenariats avec les moteurs de recherche, en particulier Google. Aujourd’hui, une partie de ses dirigeants provient d’entreprises dont le modèle économique repose largement sur la publicité, comme Meta ou eBay.
Depuis la version 128, Firefox intègre le système Privacy-Preserving Attribution (PPA), testé en partenariat avec Facebook. Fin février 2025, une modification des conditions d’utilisation a mis le feu aux poudres, Mozilla y revendiquait une licence mondiale pour utiliser les informations saisies via le navigateur.
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Face à la colère des utilisateurs, la formulation a été revue, Mozilla affirmant n’avoir fait que formaliser des pratiques existantes. Une justification jugée peu convaincante, d’autant que certaines garanties historiques, notamment l’engagement de ne jamais vendre de données à des annonceurs, ont discrètement disparu de la FAQ.
À ce stade, aucune fonctionnalité essentielle de Firefox n’a été modifiée, et le navigateur reste utilisable en toute sécurité. Mais la vigilance reste de mise, chaque mise à jour mérite désormais un examen attentif. Pour rester informé, suivez le blog de Kaspersky , qui détaille toutes les failles et propose des solutions pour protéger votre confidentialité en ligne.
Safari n’apporte pas de nouveautés
Dans ce paysage assombri, Safari fait figure d’exception. Basé sur le moteur WebKit, le navigateur d’Apple conserve une approche résolument axée sur la protection de la vie privée, utilisée comme argument de différenciation stratégique.
Si Safari ne propose pas certaines extensions avancées comme uBlock Origin ou NoScript, il intègre nativement des outils efficaces de blocage des publicités et du suivi, complétés par des extensions comme Ghostery. Aucune concession majeure à l’industrie publicitaire n’a été observée à ce jour.
Seulement, la version Windows de Safari n’est plus mise à jour depuis 2010, laissant les utilisateurs de Microsoft face à un choix limité.
Quel navigateur choisir pour protéger sa vie privée en 2025 ?
Depuis le mois de juin, le constat est sans appel : Google Chrome et Microsoft Edge ne sont plus adaptés aux besoins des internautes soucieux de leur vie privée, quels que soient les réglages ou extensions installés. Cette réalité s’étend d’ailleurs à la majorité des navigateurs reposant sur Chromium, dont les choix techniques limitent fortement les capacités de blocage du suivi publicitaire.
La fin progressive de la prise en charge des extensions Manifest V2 a porté un coup sévère aux outils de protection les plus efficaces, rendant ces navigateurs structurellement incompatibles avec une navigation réellement confidentielle.
Firefox : un sursis, mais sous conditions
Malgré des prises de position récentes jugées contestables, Firefox conserve pour l’instant un avantage stratégique : le maintien du support des extensions Manifest V2. Mozilla a d’ailleurs annoncé que cette compatibilité serait assurée dans un avenir proche.
Pour les utilisateurs qui souhaitent toutefois éviter des fonctionnalités controversées, comme les mécanismes d’« attribution » publicitaire, une alternative existe : les navigateurs basés sur le code source de Firefox, mais davantage orientés vers la protection de la vie privée. Parmi eux figurent notamment Tor Browser, Waterfox et LibreWolf.
Tor Browser : ultra-protecteur, mais exigeant
Souvent associé, à tort, au « Dark Web », Tor Browser est parfaitement utilisable pour la consultation de sites Internet classiques. Sa particularité réside dans des paramètres de confidentialité extrêmement stricts par défaut, capables de bloquer efficacement les traqueurs… mais aussi de perturber l’affichage ou le fonctionnement de certains sites.
Ces contraintes ne sont toutefois pas irréversibles : il est possible d’assouplir les règles liées aux cookies et aux scripts afin de trouver un équilibre entre sécurité et confort d’utilisation.
Waterfox : le compromis pragmatique
Waterfox se positionne comme un intermédiaire raisonnable entre Firefox et Tor Browser. Le navigateur se distingue par l’absence de télémétrie, l’exclusion de services intégrés comme Pocket et l’utilisation des versions ESR (support à long terme) de Firefox comme base de développement.
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Son principal point faible réside dans la taille réduite de son équipe, ce qui entraîne un léger retard dans le déploiement des correctifs de sécurité par rapport à Mozilla, même si cet écart reste limité.
LibreWolf : la confidentialité sans concessions
Conçu comme un Firefox débarrassé de tous ses extras, LibreWolf adopte une approche radicale de la protection de la vie privée. Le navigateur ne communique jamais avec des serveurs distants, exclut toute forme de télémétrie et intègre par défaut le bloqueur de publicités uBlock Origin.
LibreWolf suit de très près les mises à jour de Firefox et est disponible sur Windows, macOS et plusieurs distributions Linux, ce qui en fait une solution robuste et cohérente pour les utilisateurs exigeants.
Brave : une alternative populaire, mais controversée
Basé sur Chromium, Brave intègre dès l’installation plusieurs outils de protection de la vie privée, sans nécessiter d’extensions supplémentaires. Ses développeurs se sont engagés à maintenir certaines extensions clés de Manifest V2, telles que AdGuard AdBlocker, NoScript, uBlock Origin et uMatrix.
Toutefois, Brave n’est pas exempt de critiques. Le navigateur propose des fonctionnalités additionnelles discutables, comme un portefeuille de cryptomonnaies intégré ou un assistant d’intelligence artificielle baptisé « Leo », qui interrogent sur la cohérence globale de son positionnement.
Classement des navigateurs les plus respectueux de la vie privée
Aucun navigateur n’offre aujourd’hui une solution parfaite. Mais si l’on classe les options disponibles de la plus protectrice mais la moins conviviale à la plus simple d’utilisation tout en restant relativement privée, l’ordre recommandé est le suivant : Tor Browser, LibreWolf, Waterfox, Brave et Firefox.
À l’exception de Tor Browser et LibreWolf, tous nécessitent une configuration renforcée et l’installation d’extensions spécifiques pour bloquer efficacement les traqueurs et les scripts.
Des outils complémentaires pour renforcer la protection
Dans Brave et Firefox, les utilisateurs peuvent activer la fonction « Indiquer aux sites web de ne pas vendre ou partager mes données », issue de la nouvelle initiative mondiale de contrôle de la protection de la vie privée. Certaines juridictions, notamment l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Californie, le Colorado et le Connecticut, imposent légalement le respect de cette indication, même si elle reste avant tout administrative plutôt que technique.
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Par ailleurs, la solution la plus simple pour améliorer significativement la confidentialité, quel que soit le navigateur utilisé, consiste à installer une solution de sécurité Kaspersky pour les particuliers et à activer la Navigation Privée. En mode par défaut, cette fonctionnalité détecte et enregistre les tentatives de collecte de données. En mode blocage, elle empêche la collecte sur l’ensemble des sites, à l’exception :
- Les sites Web que vous ajouté aux exclusions,
- Kaspersky et ses sites partenaires,
- Les sites Web susceptibles de ne plus fonctionner en raison du blocage des services de suivi.
Cette fonction reste entièrement paramétrable via l’application Kaspersky et l’extension Kaspersky Protection.
À propos de Kaspersky
Kaspersky est une société internationale de cybersécurité et de protection de la vie privée fondée en 1997. Avec à ce jour plus d’un milliard d’appareils protégés contre les cybermenaces émergentes et les attaques ciblées, l’expertise de Kaspersky en matière de sécurité et de renseignements sur les menaces est constamment convertie en solutions et services innovants pour protéger les particuliers, les entreprises, les infrastructures critiques et les autorités publiques dans le monde entier.
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