Vie politique ,Mouvance islamiste : l’atomisation fatale

Vie politique ,Mouvance islamiste : l’atomisation fatale
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La crise que traverse actuellement le Mouvement de la société pour la paix (MSP) donnera inéluctablement naissance à un nouveau parti.

Et ce sont des sources proches de Amar Ghoul, l’ex-ministre des Travaux publics, dont la démission du MSP est désormais officielle qui ont fait circuler cette information. D’ailleurs, à en croire ces informations, le nouveau parti serait même dénommé «l’Algérie pour tous».

Un parti qui pourrait affaiblir encore plus le MSP et ce, d’autant que Amar Ghoul a entraîné dans son sillage de nombreux autres cadres du mouvement. Autant dire que c’est un coup dur pour le MSP qui a connu, pour rappel, une autre grave crise interne il y a juste quelques années.

Avec armes et bagages, en effet, des dizaines de hauts cadres du mouvement, emmenés par Abdelmadjid Menasra, ont déserté les rangs et sont allés créer un nouveau parti. Il faut dire que deux dissidences en quelques années sont un indice révélateur de la profondeur de la crise que traverse actuellement le mouvement que l’on considère comme le porte- drapeau de la confrérie des Frères musulmans en Algérie.

Depuis la disparition de son leader charismatique, Mahfoudh Nahnanh, en 2003 le MSP a traversé des zones de fortes turbulences et connu plusieurs séismes ayant conduit à son émiettement et, par voie de consequnece, à son affaiblissement. Mais cet émiettement est, à vari dire, le lot de l’ensemble de la mouvance islamiste, notamment celle qui a des liens organiques ou spirituels avec la confrérie des Frères musulmans.

Contrairement au tout début des années quatre vingt dix où n’existaient que trois partis islamistes, dont un a été depuis dissous, la scène grouille maintenant de formations politiques qui ont une coloration islamiste. En effet, au début de l’ère du multipartisme i y avait le FIS dissous, le Hamas (ancêtre du MSP) et le mouvement Ennahda créé par Abdallah Djaballah. Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Comme la dissolution du FIS et les douloureux événements connus par le pays dans les années quatre vingt dix.

Une dissolution qui a presque totalement éliminé du champ politique la mouvance islamiste de tendance salafiste pour ne laisser place qu’aux partisans des thèses des Frères musulmans, représentés en la circonstance notamment par l’ex-Hamas et le mouvement Ennahda. Ce dernier a connu cependant une grave crise vers la fin des années quatre vingt dix et son principal fondateur, Abdallah Djaballah, a été évincé de la direction du parti. Il a alors lancé un nouveau mouvement dénommé El Islah avant d’être de nouveau «éjecté» de cette nouvelle formation politique par ses anciens compagnons.

Djaballah a dû alors mener une grande bataille juridique pour « récupérer » le parti des mains de ses détracteurs mais en vain. Il n’a dû alors son salut qu’aux réformes politiques engagées par le président Bouteflika puisque Abdallah Djaballah a lancé, avec un groupe de fidèles, une nouveau parti politique dénommé le Front pour la justice et le développement.

Un retour sur scène qui n’a pas, cependant, été une réussite puisque le nouveau-né n’a obtenu que huit sièges à l’APN lors des législatives du 10 mai dernier. Il faut dire que lors de ce scrutin législatif la mouvance islamiste n’a obtenu qu’un maigre résultat. Preuve sans doute que la multiplication des sigles et la poursuite de son émiettement ne sont pas faits pour la renforcer, mais plutôt pour l’affaiblir.

Kamal Hamed