Le 11 janvier 1992, Chadli Bendjedid démissionnait

Le 11 janvier 1992, Chadli Bendjedid démissionnait

chadlidemissionne.jpgNous sommes le 12 janvier 1992. Il y a foule devant les kiosques à journaux. Trois semaines plus tôt, le FIS gagnait le 1er tour des premières élections législatives pluralistes depuis l’indépendance du pays. 8 jours auparavant, soit le 4 janvier, l’Assemblée nationale avait été dissoute. L’évènement qui agite les algériens aujourd’hui: la démission de Chadli Bendjedid, président de la république. L’annonce a été faite la veille, au journal télévisé de 20 heures.  Dans une lettre remise, auparavant, au Président du Conseil Constitutionnel, Chadli rappelle d’abord sa contribution à la démocratisation de l’Algérie, avant de regretter que la pratique démocratique pluraliste soit caractérisée aujourd’hui, par de nombreux dépassements qui « ont atteint une limite qu’il n’est plus possible de dépasser sans porter gravement préjudice – devenu imminent – à la cohésion nationale, la préservation de l’ordre public et l’unité nationale… » avant de conclure : « Devant ces graves développements…conscient de mes responsabilités, j’estime que la seule solution à la crise actuelle réside dans la nécessité de me retirer de la scène politique. Pour cela … je renonce, à compter de ce jour, à mes fonctions de président de la République… »

La conséquence directe de cette décision est l’arrêt du processus électoral . L’armée, avec à sa tête les généraux « janviéristes », a décidé d’annuler le second tour du scrutin.

Une partie de la classe politique, regroupant des membres du régime et certains partis d’opposition, soutient cette décision tandis que le FIS et certains autres opposants voient en elle un coup d’État.

Le pays, suite au vide constitutionnel laissé par la dissolution de l’assemblée nationale, se retrouve sans responsable officiel en pleine tourmente politique. Le 16 janvier, Mohamed Boudiaf est rappelé en Algérie pour devenir le président du Haut Comité d’État . L’état d’urgence sera proclamé le 9 février 1992. Le FIS est quant à lui dissous le 4 mars 1992. Le 29 juin 1992, Boudiaf est assassiné lors d’une conférence des cadres qu’il tenait dans la ville d’Annaba.

La suite des évènements du 11 janvier 1992 est malheureusement connue de tous : les sympathisants islamistes sont arrêtés. La condamnation d’Abassi Madani et d’Ali Belhadj le 15 juillet à douze ans de réclusion, active les haines. Le FIS passe à l’action. Les mouvements armés sont créés, l’un d’eux, le Groupe islamique armé (GIA)  instaure la terreur dans tout le territoire national. En six mois, le pays a basculé dans une guerre civile ouverte: assassinats d’intellectuels, de magistrats ou de policiers, des personnalités de renom, mais aussi des dizaines de journalistes et des enseignants, ainsi que des ressortissants étrangers.

La crise se prolongera par l’engrenage de la violence de 1992 à 2002 sous le nom de la « décennie noire ». Le pays vécut au rythme des assassinats, des massacres et des bombes. Cette décennie laissera derrière elle plus de cent mille morts, des milliers de disparus, un million de personnes déplacées, des dizaines de milliers d’exilés et plus de vingt milliards de dollars de dégâts.

Vidéo: Extrait du journal télévisé de TF1 consacré à la démission de Chadli Bendjedid et à l’arrêt du processus électoral.