Vidéo: Cela est arrivé le 29 mars 1959: Mort du Colonel Amirouche et du Colonel Si El Haouès

Vidéo: Cela est arrivé le 29 mars 1959: Mort du Colonel Amirouche et du Colonel Si El Haouès

amsi.jpgAmirouche Aït Hamouda est né le 31 octobre 1926 à Tassaft Ouguemoun, surnommé par les Français « le loup de l’Akfadou » et « Amirouche le terrible », était un colonel de l’Armée de libération nationale (ALN) et chef de la wilaya III pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Ahmed Ben Abderrazak Hamouda, plus connu sous son nom de guerre Colonel Si El Haouès, est né en 1923 à M’Chouneche (Thimsounine ou Himsounine en Chaoui), dans les Aurès,  était lui aussi un colonel de l’Armée de libération nationale (ALN) pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Ils sont tous les deux morts le 29 mars 1959. Retour sur les derniers jours de ces valeureux combattants de la Guerre d’indépendance.

Amirouche qui voulait se présenter à Tunis pour rencontrer le GPRA, le 6 mars 1959, se met en route, entraînant avec lui Si El Haouès, escortés par le commandant Amor Driss, accompagnés par 40 djounouds. Le parcours de son P.C. de l’Akfadou à Tunis est une expédition d’une durée non limitée et d’un danger permanent. Ils sortent de Kabylie et passent vers le sud, entre Djelfa et Boussada avant de rejoindre la frontière tunisienne. Mais, son itinéraire fut communiqué au commandement français par un opérateur radio du MLAG aux ordres de Boussouf, qui désirait se débarrasser de ces deux « contestataires » trop encombrants8.

Le colonel Ducasse du 6e RPlMa, informé de l’itinéraire et des horaires, décide de leur tendre une embuscade entre le djebel Tsameur et le djebel Djininibia, à 75 kilomètres au sud de Boussada. Les quarante hommes de l’escorte résistent avec courage aux attaques de nombreux soldats français qui les encerclent. Amirouche et ses hommes se cachent dans des grottes des falaises et il est impossible de s’approcher. Il faut faire venir la Légion, le 2e escadron du 1er régiment de spahis, et un régiment d’infanterie en renfort.

L’aviation et les canons des EBR Panhard pilonnent les grottes. Après un combat, violent et inégal (40 djounoud contre2 500 soldats français), on dénombre cinq prisonniers et trente-cinq tués algériens. Parmi les cadavres, le colonel Amirouche et Si El Haouès.

La fouille des documents trouvés confirment que c’est bien Amirouche. Mademba Sy et Bole du Chaumont trouvent même un million et demi en billets, somme qui trouvera place dans la caisse noire du régiment. Ducasse, ne veut croire que ce qu’il voit, avant de transmettre la nouvelle à Alger.

L’examen des documents trouvés dans les musettes, révéla un certain état d’esprit régnant dans les Wilayas, fortement éprouvées par les opérations successives, sans avoir d’aide, ni soutien de la part des états-majors de l’ALN. Amirouche incitait le GPRA, à Tunis, à lancer des séries d’opérations en France, avec le soutien, la complicité, des « porteurs de valises ». Enfin dans une poche d’Amirouche, Bole du Chaumont trouve liées ensemble comme des lettres d’amour les lettres remises par le colonel Godard et le capitaine Léger aux messagers qu’ils envoyaient sur les sentiers de la wilaya III à de prétendus correspondants. Ces lettres constituaient pour Amirouche la justification de sespurges. Pour ceux qui les compulsèrent, elles prouvèrent qu’il s’était lui-même enfermé dans le piège dans lequel il était tombé et que la « bleuite » affligerait désormais sans répit les wilayas.

Un hélicoptère Sikorsky H-34 se pose en fin d’après-midi, pour ramasser les corps « importants » d’Amirouche et de Si El Haouès qui sont présentés à la presse. Ait Hammouda, cousin d’Amirouche, ramené de Tassaft, identifiera avec certitude le corps du colonel Amirouche, devant les journalistes.

L’armée fera embaumer les corps. De nombreux officiers et soldats se feront photographier devant les dépouilles par les journalistes accourus. En hâte, l’armée fera imprimer des milliers de tracts que des avions répandront sur les maquis de toutes les wilayas : « Le chef de la wilaya III, Amirouche, le chef de la wilaya VI, Si El Haouès, sont morts. Quittez ceux qui vous conduisent à une mort inutile et absurde. Ralliez-vous ! Vous retrouverez la paix! »

À Tunis, le GPRA déclara qu’il n’avait pas confirmation de la mort du colonel Amirouche et de Si Haouès, ajoutant que « cela ferait deux morts glorieux de plus que compterait notre cause, mais n’entamerait pas la ferme résolution de nos combattants pour qui l’idéal reste le même. »

Le colonel Amirouche et son compagnon Si El Haouès n’en avaient pourtant pas fini avec la vindicte de leurs camarades de combat du clan d’Oujda installés au Maroc. Six ans après leur mort, en 1965, le colonel Boumédiène, devenu président, fit déterrer et cacher leurs dépouille clandestinement dans les sous-sols d’une caserne de gendarmerie à Alger, épisode qui est lui-même controversé. Elles ne seront récupéré par son fils Nordine Aït-Hamouda que dix-sept ans plus tard. Elles sont réhabilitées et inhumée dignement au cimetière d’El Alia.

Le pays commémorera, 25 ans après, leur disparition, et donnera le nom d’Amirouche à un boulevard d’Alger. L’image du Colonel Amirouche est néanmoins loin de faire l’unanimité en Algérie. Il est notamment fortement critiqué pour les purges sanglantes, les exécutions d’innocents et la liberté d’action laissée à Ahcène Mahiouz durant l’opération de la bleuite qui affaibliront durablement la Wilaya III.

Vidéo: Amirouche ou un sillon dans l’histoire de l’Algérie (en Tamazight)