Les trois partis politiques composant cette alliance loin d’être mûre, car décrétée… verte, n’égalent même pas une seule formation politique digne de ce nom. Leur séparation, aussi tonitruante qu’aura été leur rassemblement, restera donc un non-évènement dans les annales politiques algériennes.
Ainsi donc, et comme il fallait s’y attendre, cette fameuse Alliance pour l’Algérie Verte (AAV) est en passe de voler en éclats après tout juste quelques mois d’existence.
Il est vrai qu’étant composée par les deux coquilles vides qu’étaient les anciennes formations politiques de Saâd Abdallah Djaballah, les mouvements Nahda et Islah en l’occurrence, mais aussi le parti saigné à blanc de Bouguerra soltani après les départs d’Abdelmadjid Menasra puis Amar Ghoul, cette alliance n’avait aucune chance de cartonner lors des législatives du 10 mai passé.
Cela en dépit des assurances politiciennes maintes fois réitérées par l’ancien homme lige du système, nourri à son pis exclusif, avant de se retourner brutalement contre lui. Bouguerra Soltani, car c’est de lui qu’il s’agit, qui avait fait montre d’un opportunisme crasse en décidant de passer brusquement vers l’opposition, après avoir vécu toute sa vie sous le giron du pouvoir, avait voulu surfer et se faire porter vers le pouvoir par la vague des printemps arabes, et la montée en puissance des fièvres islamistes.
Il avait juste oublié que l’Algérie a déjà vécu son propre printemps depuis plusieurs décennies déjà, que le peuple algérien, échaudé, ne votera plus jamais en faveur de cette mouvance, et que même si par miracle cela avait dû être le cas, il est certain que le choix aurait porté sur des leaders islamistes plus crédibles, comme a su le rester Djaballah, et comme l’est dans une moindre mesure Menasra.
Car, ce qui étonne dans les résultats de l’AAV ce n’est pas la faiblesse, mais bel et bien l’importance de son score alors qu’elle ne jouit de la moindre crédibilité auprès des électeurs. Bref, et après avoir tenté par tous les moyens de faire accroire qu’elle aurait été victime de fraude électorale (alors que c’est plutôt le contraire qui donne l’air de s’être produit), il devenait de plus en plus évident que l’AAV allait finir par voler en éclats au lieu d’accepter de vivre une autre humiliante défaite à la faveur des élections locales du 29 novembre prochain.
C’est ainsi que le MSP vient de décider de réunir son bureau politique pour ce dimanche afin de se prononcer officiellement sur son retrait de l’Alliance. Tempérant une pareille annonce, une source proche de ce parti, que nous avons pu joindre hier au téléphone, a indiqué que même si l’AAV ne devrait pas présenter de listes communes, elle n’en continuera pas moins de coordonner ses actions, allant même jusqu’à envisager au cas par cas des listes communes là où aucun des trois partis composant cette guilde venait à estimer beaucoup trop faibles leurs chances en faisant cavalier seul.
Prenant les devants à son tour, le secrétaire général du Mouvement Islah, Hamlaoui Akkouchi, a indiqué, en marge de l’université d’été de son parti, qui se tient présentement à Boumerdès, (lire à ce propos l’article de B. khider) que la position de sa formation par rapport aux élections locales prochaines « sera déterminée par la position de l’Alliance pour l’Algérie verte et de celle des autres partis politiques ».
Cette manière, fort peu élégante de botter en touche, annonce on ne peut plus clairement la fin d’une alliance qui aura fait long feu.
Le grand perdant de ce deal « perdant-perdant » sera certainement le MSP et Bouguerra Soltani, puisque les portes de l’Alliance présidentielles, qu’il avait violement claquées, lui resteront fermées au nez pour toujours, en attendant que son frère ennemi du TAJ, Amar Ghoul en l’occurrence, ne vienne le remplacer.
A ce coup de poker à quitte ou double, joué par un « islamiste » en dépit du caractère illicite des paris, Bouguerra Soltani donne l’air d’avoir tout perdu. À commencer par ses propres illusions, si tant est qu’il en ait eu un jour…
Ali Oussi
