Vibrant hommage à Paris à Mouloud Aounit, fervent défenseur des droits humains
PARIS – Un vibrant hommage a été rendu samedi à Paris à l’ancien secrétaire général du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Mouloud Aounit, décédé il y a une année des suites d’une longue maladie.
Proches, amis et représentants de partis politiques et du mouvement associatif étaient en effet nombreux pour se recueillir au cimetière d’Aubervilliers (Seine Saint-Denis) sur celui qui fût, de l’avis de tous, un des militants pionniers dans les luttes contre le racisme et l’injustice en France, ces trente dernières années.
Son ami et proche Fayçal Megherbi, animateur du comité local du Mrap à Aubervilliers, a évoqué un militant « exceptionnel » qui, a-t-il dit, ne se contentait pas de condamner les actes racistes ou islamophobes en France, mais ordonnait des poursuites judiciaires à l’encontre de leurs auteurs.
« Avec lui, le militantisme pour les droits humains n’était pas une sinécure. Il accompagnait toujours ses déclarations politiques d’actions en justice à l’encontre d’auteurs d’actes ou de propos racistes », a-t-il témoigné, regrettant qu’actuellement même si la stigmatisation des musulmans en France est reconnue, elle demeure peu dénoncée.
La vice-présidente du Sénat français, Bariza Khiari, a rappelé, de son côté, que feu Aounit a été le premier en France a « inventer » le qualificatif d’islamophobie, estimant que des hommes de la qualité de Mouloud Aounit « ne peuvent pas sombrer dans l’oubli, du fait des combats nobles qu’ils ont menés ».
« Son nom ressortira dans un siècle pour qualifier celui qui a dénommé le racisme odieux et tout le débat qu’il y a autour de l’islamophobie montre combien le défunt avait raison et que cette forme de racisme est comme les autres et n’est pas un sous-racisme », a-t-elle dit.
Le président de l’association Les Oranges de Nanterre, Mohamed Kaki, a rappelé, pour sa part, le travail inlassable de Mouloud dans le domaine de la mémoire, notamment la reconnaissance des massacres des Algériens le 17 octobre 1961 à Paris. « Mouloud était une personne qui déconstruisait des maux comme la domination, le mépris (la hogra) et l’injustice » en France, a-t-il témoigné.
Présente parmi l’assistance, la veuve de Mouloud Aounit, Annie a appelé à continuer le combat du défunt, en combattant la montée des extrémismes en France. « Je me disais, ces derniers temps, si Mouloud était encore vivant, il aurait ouvert sa +gueule+ pour dénoncer des actes racistes et islamophobes graves en France », a-t-elle confié.
A la fin de l’hommage, un membre de l’association le « 93 au cœur de la République », Boualem Benkhelouf, a annoncé la création en septembre prochain de la « Fondation Mouloud Aounit ». « Ca sera une manière de mettre en avant le travail du défunt et de le transmettre, avec l’aide de chercheurs, d’historiens, de syndicalistes et autres, à la jeunesse », a-t-il dit.
Cette rencontre-souvenir a été organisée par l’association le « 93 au cœur de la République » en collaboration avec les amis de Mouloud ainsi que le Mrap local d’Aubervilliers.
Né le 23 février 1953 à Timezrit, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, Mouloud Aounit était arrivé très jeune à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ville où il a fait toute sa carrière.
Il a notamment été élu au conseil régional d’Ile-de-France, à la tête de la liste présentée par le Parti communiste français en Seine-Saint-Denis. Il a été secrétaire général (1989-2004), puis président (2004-2008) du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples.