Viande rouge en Algérie : une nouvelle stratégie pour casser les prix

Viande rouge en Algérie : une nouvelle stratégie pour casser les prix

Ce n’est un secret pour personne, la viande rouge représente, pour la grande majorité des Algériens, un produit de luxe tant son prix élevé la rend hors de portée des bourses moyennes. Et pour remédier à cette situation, le gouvernement a décidé de prendre une série de nouvelles mesures susceptibles de ramener les prix de la viande à la baisse dans le court terme.

La première de ces mesures consistera à réintroduire sur le marché la viande congelée importée. Mais cette fois, le gouvernement veut faire en sorte que l’opération puisse mettre à la disposition du consommateur une viande rouge de qualité à bas prix, sans pour autant coûter à l’État le moindre transfert de devises vers l’étranger.

Système de troc, stockage et congélation de la viande dans les wilayas du sud : la solution idoine ?

C’est ainsi que nous avons assisté, au cours de ces dernières années, à un important développement de l’activité d’importation de bétail africain dans les wilayas du Sud algérien dans le cadre du système de troc. Deux investisseurs à Adrar et Tamanrasset ont mis en place, avec des licences des ministères du Commerce et de l’Agriculture, des abattoirs et des chambres froides afin de rendre possible la vente de cette viande rouge dans les wilayas du nord. Une méthode qui a permis au gouvernement de rééquilibrer les prix de la viande lors du Ramadan et de l’Aïd al-Adha 2022.

L’idée d’établir des abattoirs industriels et de grandes chambres froides pour viande rouge à Adrar et à Tamanrasset (et bientôt dans d’autres wilayas du sud comme In Guezzam et Bordj Badji Mokhtar) trouve son origine dans le fait que la loi sur le troc qui autorise l’entrée de certaines marchandises dans les wilayas frontalières du sud empêche le transfert de celles-ci vers le nord.

Ainsi, les agriculteurs pourront congeler et stocker la viande de bétail africain dans des chambres froides pour ensuite la revendre avec des licences spéciales, en attendant la possibilité de se faire délivrer des licences définitives. Cette industrie est même susceptible de permettre à l’Algérie, dans les années à venir, d’exporter cette viande congelée si l’activité d’importation par le troc ainsi que les capacités d’abattage et de stockage se développent.

De la viande rouge à 700 dinars le kilo : mirage ou réelle possibilité ?

La loi interdit le transfert du bétail importé du Mali et du Niger vers les wilayas du nord, non seulement parce que ces marchandises sont exonérées de droits de douane, mais aussi dans le but de préserver la pureté des races animales algériennes.

Par ailleurs, Saïdi Abdelkarim, un professionnel du troc d’Adrar, a confié à nos confrères d’El Khabar que l’augmentation du volume des importations de bétail en provenance du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad permettrait de fournir aux Algériens de la viande rouge à des prix qui ne dépasseraient pas 700 ou 800 dinars le kilogramme.

En résumé donc, l’investissement dans la construction d’abattoirs et de chambres froides dans les wilayas du sud présente un double avantage. Primo, il contribue à la fourniture d’une viande rouge bon marché et de bien meilleure qualité que celle que l’Algérie importait auparavant de pays lointains. Secundo, le système de troc qui permet l’échange de marchandises algériennes contre des marchandises africaines constitue un modèle d’importation qui n’exige pas de transfert de devises vers l’étranger.