Viande indienne Les citoyens entre satisfaction et appréhension

Viande indienne Les citoyens entre satisfaction et appréhension

La viande congelée en provenance d’Inde suscite beaucoup d’appréhensions pour le premier jour de sa mise en vente. C’est le cas d’une mère de famille qui nous a déclaré qu’elle ne pourra jamais mettre dans sa marmite de la viande indienne.

La viande indienne ne semble pas être du goût du consommateur algérien. C’est du moins l’avis de quelques citoyens que nous avons rencontrés, hier, au marché de Bab El-Oued.

«J’achète cher un kilo de viande fraîche quand c’est nécessaire, mais au moins je suis sûre que c’est une viande de bonne qualité et halal», se justifie-t-elle. Du même avis qu’elle, une jeune maman ne manque pas d’exprimer son inquiétude quant aux conditions d’abatage de cette viande.

«Qui me dit que ce n’est pas de la viande de vache !» se demande-t-elle tout en relevant qu’elle n’achètera pas du tout de la viande indienne en dépit de sa disponibilité sur le marché est à des prix attrayants.

En tout cas, il faut dire que les avis sur l’achat de cette viande importée d’Inde sont multiples. Les autres citoyens habitués à l’achat de la viande congelée en provenance des pays d’Amérique latine ne comprennent pas pourquoi les autorités ont changé de cap vers l’Inde.

«Personnellement, je me suis habitué à la viande importée d’Uruguay ou d’Argentine qu’on mange depuis maintenant presque dix ans. Et maintenant, on va nous proposer de la viande indienne. Pourquoi ce changement ?» s’étonne un fonctionnaire rencontré au marché T’nache à Belouizdad.

Ce dernier espère qu’avec l’approvisionnement du marché par la viande indienne, le produit latino-américain sera moins cher encore. «L’essentiel pour moi, c’est d’avoir un couffin bien plein, et pourquoi pas d’un kilo de viande bovine à un prix très abordable», nous confie un retraité. Et d’ailleurs, ajoute-t-il, le ministère de l’Agriculture vient de rassurer sur la bonne qualité de la viande bovine. Il a imposé un contrôle stricte pour parer à tous les risques qui peuvent mettre en péril notre santé.

Du côté des commerçants, la promotion de la viande indienne bat son plein. En vantant sa qualité et sa saveur, l’ensemble des bouchers que nous avons visités soulignent que c’est de la viande de bonne qualité et qu’elle n’a rien à envier à la viande bovine locale.

A rappeler, par ailleurs, que le réseau de distribution chargé par le groupe Sotracov (organisme publique chargé de l’importation de la viande congelée) a mis en place trois pôles, en l’occurrence les filiales CETRADE pour la région Centre, MAG Oran pour l’Ouest et MAG Skikda pour l’est du pays.

Il compte aussi sur les 80 points de vente de l’ONAB, et ce dans le cadre du partenariat entre les deux groupes. Pour ce qui est des adresses et des coordonnées de ces trois entreprises, elles sont disponibles dans les journaux sous forme de placards publicitaires. S’agissant des régions du sud du pays, Sotracov a pris le soin d’agréer des grossistes et autres revendeurs qui se sont déjà manifestés, montrant un intérêt certain à cette opération, à Ouargla, Béchar, El-Oued, Ghardaïa et Hassi Messaoud.

A signaler également que l’Office national des aliments du bétail a, de son côté, mis sur le marché, pour le mois de ramadan, 4 200 tonnes de poulets congelés pour le prix de 250 DA/kg. La Sotracov compte approvisionner le marché algérien par 4 000 tonnes de viande bovine congelée désossée en provenance d’Inde dont un cahier des charges très rigoureux comprenant une quinzaine d’articles a été défini.

«Notre partenaire est appelé à respecter certains engagements ayant trait notamment à l’agréage du cheptel, son abatage selon le rite musulmane, le ressuyage, le désossage et la découpe, le conditionnement et la supervision de l’opération par les agréeurs du groupe», avait expliqué le président du directoire de Sotracov, Zefzef Djahid, jeudi dernier à Alger.

Quant aux prix proposés aux consommateurs, ces derniers sont fixés à 410 DA/kg pour les quartiers avants tels l’épaule, la poitrine, les côtes ou le jarret avant, et à 560 DA/kg pour les quartiers arrières.

Notons enfin que depuis plus de 15 ans, l’essentiel des importations de l’Algérie en matière de viande congelée se fait auprès de fournisseurs d’Amérique latine, d’Océanie et d’Europe. Le principal fournisseur de l’Algérie en viande est le Brésil avec plus de 22 000 tonnes, suivi de l’Uruguay avec 1 323 tonnes.

Kahina B