Vêtements «indécents», attaques contre Benghebrit, conclave de l’AIS… Le forcing des intégristes

Vêtements «indécents», attaques contre Benghebrit, conclave de l’AIS… Le forcing des intégristes

Plusieurs polémiques auront marqué cet été, mais elles se ressemblent toutes, car alimentées par la pensée intégriste. Des fetwas incendiaires de Hamadache à l’interdiction d’accès à la cour d’Alger d’une jeune femme à la tenue «indécente» en passant par la polémique suscitée par la ministre de l’Education nationale au sujet de la langue arabe et l’université d’été des anciens de l’AIS sous la houlette de Madani Mezrag, l’intégrisme est en train de gagner du terrain.

Si les acteurs politiques agréés éprouvent toutes les difficultés du monde à ressusciter la doctrine islamiste et la replacer sur le devant de la scène, les circuits «informels», eux, parviennent plutôt bien à récidiver par des actions, en apparence anodines, mais qui renseignent dangereusement sur la montée de l’intolérance parmi la société algérienne.Interdire l’accès à une femme dans une institution publique ; un tribunal ou une université ou descendre en flammes une ministre qui n’a d’autre souci que moderniser une école archaïque, sans que cela n’émeuve ni n’interpelle les autorités, sont des précédents graves dans une République qui se veut progressiste et démocratique.

Pis encore, tolérer un conclave d’ex-animateurs de la sinistre AIS équivaudrait à raviver les horreurs endurées par le peuple algérien, une décennie durant, et accentuer le sentiment d’animosité parmi la société algérienne. Toutes ces péripéties inquiétantes dopent la pensée intégriste et ses instigateurs qui font des pieds et des mains pour réinvestir un terrain perdu, profitant d’une conjoncture nationale et régionale des plus cruciales.

A ce titre, la polémique suscitée par la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit illustre parfaitement le poids des extrémistes et autres conservateurs qui s’opposent à toute forme de progrès et se dressent en rempart contre l’évolution et le développement. Néanmoins, elle a permis de lever le voile sur certains politicards et autres personnalités politiques qui s’enorgueillissent d’être des démocrates, qui ont vite apposé leur veto au projet de Benghebrit, la contraignant même à se raviser face au forcing des obscurantistes.

De son côté, le désormais ex-ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui avait ébranlé le camp des conservateurs par sa «fameuse» révolution contre les importateurs et la commercialisation des boissons alcoolisées, avait subi les foudres des islamistes.

Quant à interdire à une femme d’accéder dans une enceinte publique sous prétexte que sa tenue est incorrecte, cela ne fera qu’exacerber le sentiment d’intolérance et du rejet de l’Autre dans une société aux multiples composantes. Pour rappel, une jeune étudiante, à la jupe jugée trop courte, a subi le même sort, le mois de mai dernier, à l’université d’Alger.

Autant d’ingrédients qui confirment la tendance extrémiste parmi la société algérienne et tous les dangers qu’elle véhicule, en ce sens qu’elle cultive l’intolérance et le chauvinisme, encourage les extrémistes et menace les citoyens dans leurs libertés individuelles pourtant protégées par les lois de la République. Il devient ainsi impératif de mettre un terme à ces agissements insolents avant que la situation ne franchisse le rubicon.

M.A.C