Le Maroc confirme son statut d’Etat corrupteur avec cette nouvelle affaire
La justice américaine vient d’ajouter à son tableau de chasse le Royaume chérifien alors que Mohammed VI se trouve en vadrouille en Afrique.
Le royaume n’a pas encore réagi à ce qui s’apparente à un séisme. Rabat garde un silence qui en dit long sur la véracité des documents rendus publics le 3 juin par la justice américaine. Des aveux glanés en 2013 auprès de Chuck Blazer, secrétaire général de la CONCACAF (la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes) entre 1990 et 2011, devenu une taupe du FBI. Ce dernier a rendu visite au Comité de candidature marocain pour l’organisation de la Coupe du monde de football qui devait se dérouler en 1998 en compagnie d’un complice haut placé à la FIFA. Que révèlent les pièces versées à ce dossier qui n’a pas encore révélé toutes ses facettes.
«Blazer était présent lorsqu’un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice N.1 en échange de sa voix pour le Maroc […] et le conspirateur N.1 a accepté le pot-de-vin.» indiquent les enquêteurs américains. Blazer, s’est ensuite «entretenu au téléphone avec eux (les dirigeants marocains) à plusieurs reprises, y compris depuis les bureaux de la CONCACAF à New York» précise la justice US. «Bien que le paiement ait été effectué, le Comité exécutif de la FIFA a préféré le 2 juillet 1992 la candidature de la France à celle du Maroc», souligne la même source.
Des arguments qui s’appuient sur un premier témoignage fracassant d’un haut responsable de la FIFA qui a reconnu avoir perçu des pots-de-vin pour favoriser l’attribution de l’organisation de la Coupe du monde de football. «Durant ma collaboration avec la FIFA et la CONCACAF, parmi d’autres choses, je me suis mis d’accord avec d’autres personnes, autour de 1992, pour faciliter l’acceptation d’un pot-de-vin en lien avec la sélection du pays hôte pour la Coupe du monde 1998», a avoué Chuck Blazer lors de son audition par les policiers américains. Après l’Afrique du Sud, la justice américaine vient donc d’ajouter à son tableau de chasse le Royaume chérifien alors que son monarque Mohammed VI se trouve en vadrouille en Afrique pour tenter de rafistoler une image de son pays très sérieusement ébréchée.
Ce qui va davantage compliquer sa mission et jeter des doutes sur la sincérité de ses propositions de coopération avec les Etats qu’il va tenter de charmer… à coups de millions de dollars. Un périple qui l’a conduit du Sénégal, en Côte d’Ivoire, puis au Gabon pour s’achever en Guinée-Bissau.
Le bateau royal est pris au beau milieu de son voyage par cette tempête qui risque de noyer définitivement la diplomatie «makhze-nienne». Le Maroc confirme finalement son statut d’Etat corrupteur avec cette nouvelle affaire qui vient de l’éclabousser. De l’argent jeté par les fenêtres alors que sa rue gronde. Le chômage qui touche plus de 10% de la population active et la précarité ont plongé dans la misère la frange la plus vulnérable de la société marocaine. Plus de 5 millions des sujets d’Amir Al Mouminine vivent avec 10 dirhams par jour (0,88 euro) tandis que le salaire minimum légal est de 55 dirhams par jour (5 euros).
Le football qui demeure l’opium du peuple aurait pu faire accéder cette catégorie de la population à ce «paradis artificiel». Elle goûtera finalement à son parfum de scandale.