Les premiers jours, les souscripteurs ont exprimé leur colère, et des renforts de police ont été dépêchés sur les lieux et positionnés en permanence devant l’entrée principale de l’Enpi.
Depuis l’envoi des convocations pour le retrait des ordres de versement, il y a une dizaine de jours, le siège de l’Enpi (Entreprise nationale de promotion immobilière) d’Oran a été pris d’assaut par les acquéreurs des fameux logements publics promotionnels (LPP). Les premiers jours, les souscripteurs ont exprimé leur colère, et des renforts de police ont été dépêchés sur les lieux et positionnés en permanence devant l’entrée principale. Située au quartier Castor, l’Enpi a affiché la liste des postulants à un logement en pleine “tempête” depuis l’annonce du montant de la deuxième tranche à verser, soit 100 millions de centimes, jugée exorbitante.
Elle est même perçue par de nombreux postulants rencontrés sur place comme une forme de racket : “Ils ont multiplié par deux le prix du mètre carré qui avait été fixé au départ à 45 000 DA. À peine la première tranche de 50 millions versée voilà qu’on nous demande 100 millions maintenant, c’est bien des logements de l’État pourtant !”, s’insurge un père de famille, et un autre de surenchérir : “Ils ont besoin d’argent et c’est chez nous qu’ils viennent renflouer les caisses. On se retrouve à payer un logement de l’État au même prix que les promotions immobilières privées. Où est l’avantage de cette formule ?”, avons-nous entendu à maintes reprises. L’incompréhension et la colère ne s’arrêtent pas là, avec le cafouillage des listes affichées qui semblent incomplètes. Un acquéreur dont le nom de famille commence par la lettre “A” n’a pas trouvé son nom. Quelque peu désemparé et inquiet, il confie : “On vient de me dire qu’il y a une autre liste qui sera affichée, et que j’y trouverai mon nom. Mais il paraît qu’ils doivent d’abord régler le problème d’Alger, puis le nôtre ensuite.” D’autres, par contre, avouent vouloir se désister. “Je ne peux pas payer cette somme, c’est impossible. Je suis bientôt à la retraite et je n’arriverai pas encore à avoir un logement digne”, dira un des présents. Le ministre Tebboune lors de sa dernière visite à Oran, début octobre dernier, avait évoqué la situation et la colère des souscripteurs quant au montant de la deuxième tranche en la considérant comme légitime. “Nous avons mis en place cette formule de logement pour les cadres, et au départ, ils ont accepté”, avait-il déclaré en lançant, comme mise au point à tous ceux qui aujourd’hui veulent protester, que “dès le départ, la formule avait un caractère commercial, et le Trésor public ne peut assumer les charges d’une transaction commerciale”. C’est encore, lors de cette visite, que seront rendus publics les chiffres du LPP indiquant que sur les 50 000 inscrits à l’échelle nationale, 29% n’avaient toujours pas réglé la première tranche de 50 millions de centimes.