Non satisfaits des résultats de la conférence nationale du 27 mars dernier et des déclarations du ministre, la plupart des délégués des étudiants sont pour la poursuite du mouvement de grève.
Reste à savoir quelle sera la position de la base estudiantine.
Après deux semaines d’accalmie, l’université algérienne risque de renouer avec la contestation. En effet, les vacances universitaires prennent fin ce matin dans une ambiance particulièrement tendue. S’il est quasi certain que les étudiants reprennent officiellement le chemin des facultés et des écoles aujourd’hui, il n’est pas très sûr, par contre, qu’ils reprendront leurs cours.
Le premier jour de la reprise sera consacré aux assemblées générales au niveau des écoles et des universités pour débattre des conclusions et recommandations de la conférence nationale du 27 mars dernier tenue à l’USTHB dans le cadre des débats portant passerelles et correspondances entre le système classique et le LMD.
Une rencontre élargie aux délégués des étudiants mais la participation de ces derniers a été qualifiée de poudre aux yeux tant qu’ils n’ont pas pu imposer leurs points de vue. Preuve en est qu’ils en sont sortis pour leur majorité mécontents et déçus. Le fait que la conférence ait eu lieu pendant les vacances universitaires n’a pas permis aux étudiants de débattre des dernières résolutions. Le rendez-vous est donc pris pour cette matinée au niveau de toutes les écoles et universités paralysées par un large mouvement de grève afin de se réunir et prendre position.
Les délégués des grandes écoles se retrouveront entre eux pour une première analyse de la situation avant d’en débattre avec le reste des étudiants des écoles respectives. “Des flous persistent et nous devons les éclaircir pour définir notre démarche et de la suite à donner à notre mouvement”, a estimé un des délégués de l’EPAU dans une déclaration à Liberté.
Et d’ajouter que “l’assemblée générale qui se tiendra aujourd’hui tranchera”. Abondant dans le même sens, un autre délégué de l’université de Dély-Ibrahim dira : “Si ça ne tenait qu’aux délégués, je dirais que nous sommes pour la relance de la grève. Mais nous sommes obligés de discuter et de prendre l’avis de la base.” Idem pour l’université de Bouzaréah.
“Les étudiants auront le dernier mot. Mais les maigres résultats de la conférence ne laissent pas de doutes sur la décision des étudiants”, souligne un autre représentant. Et d’enchaîner : “Nous pensions que la conférence et les débats allaient bouleverser l’université mais ce ne fut pas le cas. Je ne vois pas pourquoi on arrêterait la grève ?”. Se tourner vers la base estudiantine pour décider de la suite du combat lancé depuis deux mois a été la première réaction de tous les délégués autonomes qui ont pris part aux travaux de la conférence nationale, notamment ceux de l’intérieur du pays.
La seule université qui semble avoir tranché la question est celle de Boumerdès. “Les étudiants seront convoqués pour une assemblée générale en vue de décider des nouvelles actions de protestation à mener dès cette semaine”, nous dit l’un des délégués de l’université Saâd-Dahleb de Boumerdès.
Ce dernier considère “inconcevable de reprendre les cours après les propos de Harraoubia. Une position de principe s’impose car il n’a fait que jeter de l’huile sur le feu au lieu de régler les problèmes pédagogiques”. Il faut dire que pour de nombreux délégués, la décision est prise. Reste à savoir quelle sera la position de la base mais avec cette inconnue, la communauté universitaire prendra-t-elle le risque d’une année blanche.
MALIKA BEN