L’une consiste en une analyse et en un état des lieux qui conduit vers la délimitation de la zone de protection et de servitude, déclare le Dr Chenaoui Youcef, maître de conférences et chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture d’Alger (Ensa), tandis que la seconde étape concerne le diagnostic d’évaluation de l’état de vulnérabilité des vestiges archéologiques qui conduit vers la détermination des mesures d’urgences », indique-t-il.
Durant le délai de 4 mois qui lui est imparti, la seconde phase mettra l’accent sur l’évaluation des règlements de servitude, c’est-à-dire le cahier de prescription réglementaire qui fait ressortir toutes les modalités de conservation ou d’aménagement (constructions nouvelles, ndlr) à l’extérieur des abords ; donc tout sera soumis à des prescriptions, qu’elles soient liées à l’urbanisme (permis de construire, permis de démolir, permis de lotir, etc.), d’une part ou à la construction ou l’aménagement (choix et texture des matériaux) d’autre part.
Quant à la 3e phase, elle concernera la concertation avec tous les acteurs, les organismes publics et le mouvement associatif de Tipaza lors d’une enquête publique qui devra durer au total 2 mois. L’élaboration définitive du PPMVSA de Tipaza serait théoriquement adoptée, si les délais sont respectés, par l’APW de Tipaza à la fin de l’année 2009.
Le plan de sauvegarde de Tipaza, qui est un patrimoine culturel mondial et national, sera concrétisé non seulement au niveau des parcs archéologiques mais également sur le littoral. Le PPMVSA de Tipaza tient compte du plan de parcours, de la muséographie des sites, de la préservation jusqu’à la consolidation des sites par la réalisation du plan d’aménagement au niveau des abords et la proposition des équipements qui vont essentiellement dans le sens de la jouissance des sites et monuments archéologiques dans les domaines culturel et touristique.
C’est pour être en conformité avec la réglementation en vigueur que la direction de la culture de la wilaya de Tipaza, à la suite de l’appel d’offres national de concours d’étude, qu’elle avait retenu le groupe Cneru pour élaborer le PPMVSA de Tipaza et de sa zone de protection.
La wilaya de Tipaza s’est alignée au décret exécutif N° 03-323 du 5 octobre 2005, relatif aux modalités d’établissement du PPMVSA et de sa zone de protection. La ville de Cherchell a bénéficié aussi de cette étude de protection de ses sites classés sur la liste nationale.
Quant à la zone de protection du site de Tipaza, elle a été divisée en 6 secteurs, dont un concerne la bande littorale de 25m de large allant de la limite du cimetière musulman de la ville jusqu’au complexe touristique de Matarès (les berges maritimes, les îlots, la flore maritime présente sur les berges, le phare).
Matarès et le poste AU1 ; Hay El Gharbi ; le village colonial ; les équipements publics du POS-AU2 ; Hay El Hadid et la limite du cimetière ; tels sont les 5 secteurs intégrés dans la zone de protection. La loi 98-04 stipule 2 critères pour la délimitation des abords.
Il s’agit du critère géométrique qui apporte des mesures supplémentaires à la protection de l’intégrité du vestige en plus de la détermination de la distance de 200 m, et enfin le critère visuel relatif aux échanges visuels et les perspectives vers et à partir du site à protéger.
Le PPMVSA est un outil opposable au tiers ; révisable par voie de décret ministériel, si à l’avenir une nouvelle découverte de vestiges a lieu. Dans la conception du PPMVSA de Tipaza, le Dr Youcef Chenaoui aura été pragmatique, du moment qu’il avait eu le privilège de consulter les recherches dans ce domaine effectuées dans d’autres pays européens.
Il a tenu compte des caractéristiques culturelles, sociales et économiques de chaque quartier de la ville de Tipaza, puisqu’il s’est permis de compléter son étude sur les zones de protection dans le cadre de la loi 98-04, de 2 autres critères, en l’occurrence celui de la stratification historique, s’imprégnant ainsi de l’archéologie préventive et enfin du critère de la composition urbaine, pour ne pas freiner le développement de la ville de Tipaza, tout en préservant les sites classés.
Plus tard, selon le Dr. Chenaoui Youcef, le PPMVSA remplacera le POS (Plan d’occupation du sol) au niveau des abords des zones de protection et complètera les instruments et règlements urbanistiques. « Il faut arriver à créer une articulation entre le POS et le PPMSVA », indique-t-il.
C’est à la faveur des nouveaux décrets parus depuis 2003, que ce travail de recherche aura permis aux spécialistes algériens qui disposent des qualifications dans ce domaine, que ces études inhérentes au PPMVSA ont pu être menées. L’Algérie est un pays pourvu de plusieurs sites classés sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’Unesco, en attendant le classement d’autres monuments et sites.
Le gouvernement algérien est ainsi lié avec l’organisme mondiale pour assurer la protection et la préservation de ses sites historiques classés. La mise en place des PPMVSA s’avère impérative, pour éviter le déclassement de ces sites.