Vers un nouveau bras de fer entre Israël et le Hezbollah sur le terrain syrien

Vers un nouveau bras de fer entre Israël et le Hezbollah sur le terrain syrien

Salim Bennour

Hier, mercredi, Israël a accusé le Hezbollah d’établir secrètement dans le Golan syrien, près du territoire sous son contrôle, un réseau militaire commandé par une figure du mouvement libanais. L’objectif de ce réseau, qui serait commandé par le Libanais Ali Moussa Daqdouq, est de disposer à terme d’équipes qui pourront attaquer Israël quand l’ordre leur en sera donné, a affirmé l’armée israélienne dans un communiqué.

Ces accusations israéliennes laissent entrevoir un nouvel épisode du bras de fer entre l’Etat hébreu et le Hezbollah sur le théâtre syrien ou autour de la frontière libanaise.   Le Hezbollah et l’Iran sont intervenus au côté du régime de Bachar Al-Assad, également soutenu par Moscou, dans la guerre civile en Syrie. Israël fait campagne sans relâche contre cette présence du Hezbollah et de l’Iran chez son voisin syrien. Le réseau découvert par Israël est «dans une phase initiale d’établissement et de recrutement», et il «n’est pas encore opérationnel», a précisé l’armée israélienne.Mais «nous avons un message clair: nous ne permettrons pas au Hezbollah d’établir dans le Golan une structure terroriste capable de frapper des civils israéliens», a prévenu sur Twitter un des porte-parole de l’armée, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.

Le Hezbollah, la Syrie et l’Iran n’ont pas encore réagi aux informations israéliennes.    Selon l’armée israélienne, le réseau, qui a commencé à se constituer en juin-juillet 2018 et qui pour l’instant se familiarise avec le terrain et collecte le renseignement, est commandé par le Hezbollah et s’appuie sur le terrain sur des Syriens, dont un certain nombre ayant pris part à des opérations par le passé, des civils agissant pour l’argent, voire des membres de l’armée syrienne.

A la tête du réseau, d’après Israël: Ali Moussa Daqdouq. Celui-ci avait été capturé en 2007 en Irak par l’armée américaine qui l’accusait d’être impliqué dans une attaque ayant coûté la vie à cinq soldats américains la même année. Les Etats-Unis présentaient Ali Moussa Daqdouq comme un agent du Hezbollah venu en Irak entraîner des insurgés avec l’aide de la force Qods, unité d’élite iranienne. Remis en décembre 2011 aux autorités irakiennes par l’armée américaine qui achevait alors son retrait d’Irak, il avait été libéré en 2012 par la justice irakienne faute de preuves.  Le Hezbollah l’a envoyé en Syrie cet été, dit l’armée israélienne.

Avertissement à Assad

Pour celle-ci, Ali Moussa Daqdouq poursuit les efforts menés autrefois, pour le compte du Hezbollah, par Samir Kantar et Jihad Moughnieh pour ouvrir un front anti-israélien dans le Golan, jusqu’à ce que les deux hommes soient tués en 2015 dans des opérations attribuées à Israël.Israël a conquis une grande partie du Golan (1 200 km2) lors de la guerre des Six Jours en 1967 et l’a annexée en 1981. Cette décision n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, qui le considère toujours comme occupé. Environ 510 km2 restent sous contrôle syrien. Israël et la Syrie restent techniquement en état de guerre depuis le conflit du Kippour en 1973.

La ligne de cessez-le-feu est longtemps restée relativement calme jusqu’à ce que la situation se tende avec la guerre civile en Syrie en 2011. Israël s’est employé à ne pas se laisser entraîner dans le conflit chez son voisin, tout en y proclamant sa liberté d’action pour défendre ses intérêts et en frappant aussi des positions syriennes.   «Nous tenons le régime syrien pour responsable de tout ce qui se passe en Syrie et qui vise Israël», a prévenu le porte-parole de l’armée. Le Hezbollah était déjà présent dans le Golan syrien sous la forme d’un «commandement sud» fort de quelques dizaines de membres assistant les forces syriennes, avance l’armée israélienne.

Toutefois, celle-ci a laissé entendre que le régime de Bachar al-Assad n’était pas au courant du nouvel effort du Hezbollah pour implanter des forces dans le Golan. Son opération de communication, préférée à une opération militaire, a été largement interprétée par les commentateurs comme un avertissement à Damas pour qu’il intervienne lui-même, avant qu’Israël ne s’en occupe.