Vers l’ouverture d’une enquête sur « les lingots d’or d’Ouyahia » ?

Vers l’ouverture d’une enquête sur « les lingots d’or d’Ouyahia » ?

Les révélations fracassantes d’Ouyahia au sujet de lingots d’or qu’il recevait en cadeau ont marqué le procès en appel qui l’implique, avec Abdelmalek Sellal, dans l’affaire du montage automobile et du financement occulte de la campagne présidentielle de 2019. Depuis, plusieurs voix se sont unies pour appeler à l’ouverture d’une enquête concernant cette affaire.

Les révélations d’Ouyahia ont suscité une vive polémique et plusieurs avocats ont estimé que « le parquet général d’Alger a l’obligation de se saisir de cette affaire rapidement, avec possibilité de dépêcher des commissions rogatoires aux pays du Golfe concernés ».

Il convient de rappeler que lors du procès en appel des deux anciens deux anciens Premiers Ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, dans l’affaire du montage automobile et du financement occulte de la campagne présidentielle de 2019, Ouyahia a révélé « avoir reçu des lingots d’or en guise de cadeau de la part des dirigeants des monarchies du Golfe ». 

Avec ces scandaleux aveux, l’ancien Premier Ministre a tenté de justifier les sommes retrouvées sur ses comptes bancaires, et a confié « avoir vendu ces lingots d’or au marché noir après que la Banque d’Algérie ait refusé de les lui acheter ».

Contacté par nos confrères de Le Soir d’Algérie, Me Smaïn Chamma a affirmé que « la réglementation est claire », et que « c’est le parquet général d’Alger qui a la compétence dans cette affaire, et non pas le parquet général de la Cour suprême ».

« La loi sur la corruption l’oblige à le faire. Il est obligé de le faire, mais quand on ouvre une enquête, il n’est pas forcément certain qu’on trouve quelque chose », a-t-il détaillé en soulignant qu’une enquête doit être ouverte, « sur le principe et par principe, pour aller un peu plus loin »,  particulièrement dans ce cas où il s’agit de pas moins de 60 lingots d’or.

« Dans le cas d’Ouyahia ce ne sont pas des cadeaux mais de la corruption »

Pour Me Chamma, « à ce stade de responsabilité, dans le cas d’Ouyahia, on ne peut pas parler de cadeaux ». « C’est de la corruption. Un mode de paiement. Le lingot d’or, c’est de l’argent à mettre de côté », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, l’avocat n’a pas manqué de souligner qu’ « Ouyahia est connu pour être provocateur », en s’interrogeant sur la nature de ses révélations « sont-elles une simple provocation ou a-t-il plutôt des idées derrière ? Y a-t-il un réseau malsain derrière ? ».

« Il n’y a que la justice qui peut répondre à ces questions. Le parquet doit réagir rapidement », a encore affirmé Me Chamma.

Dans ce même contexte, l’avocat a rappelé que les cadeaux dont l’objet d’une réglementation et a fait savoir que « parmi les premiers décrets présidentiels signés par le Président actuel, et ce n’est pas anodin, c’est le décret sur les cadeaux protocolaires ».

« Le parquet devrait ordonner l’ouverture d’une enquête »

Également contacté par nos confrères de Le Soir d’Algérie, Me Boudjemaâ Ghechir a estimé que « le parquet doit ouvrir une enquête sur les révélations d’Ouyahia », soulignant que « la loi sur la corruption l’exige ».

« Le parquet devrait ordonner l’ouverture d’une enquête aux services de sécurité de son choix, surtout qu’Ouyahia a dit qu’il n’était pas le seul à recevoir ces lingots d’or. Le parquet doit ouvrir une enquête rapidement », a-t-il affirmé.

Selon Me Ghechir, « il est possible de dépêcher des commissions rogatoires aux pays du Golfe », concernant les parties de chasses dans le désert algérien sous la protection des services de sécurité, et ce malgré le fait que « cette pratique est courante et normale chez eux ».