Pour remédier à une désorganisation avérée du marché, une réflexion est engagée, avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, pour la création d’entreprises publiques de distribution.
Le ministre du commerce, Mustapha Benbada, a eu hier des mots très durs pour décrire la situation du marché de distribution en Algérie. “L’examen rapide de la situation du marché aux stades de la distribution en gros et au détail des divers produits nous renseigne sur la nature de la crise que nous avons connue et explique la différence entre les prix dans les marchés de gros et les marchés de détail”, a-t-il déclaré. Intervenant au forum hebdomadaire de Liberté, le ministre a estimé que “la disparition de la grande distribution, assurée par les anciennes Galeries, Edipal, Edied, Edimco, qui alimentaient l’ensemble des points de vente en tous produits, a laissé place à un système d’approvisionnement déstructuré, improvisé et échappant à tout contrôle”. Plus précis, il indiquera que “ce système se résume à des pseudos marchés érigés au milieu d’habitations, sur des terrains vagues, et surtout dans des lieux incommodes et dangereux tels que les rez-de-chaussée des immeubles, les vide sanitaires, les routes nationales, les parkings de cités, les cages d’escalier et trottoirs”. Le ministre qui déplorera le fait que “ces lieux ne répondent à aucune règle ou norme de commercialité, d’hygiène et de sécurité” pense qu’“un équilibre fragile du marché s’est créé, puis installé sous cette forme depuis lors, et s’est constitué comme principale voie d’approvisionnement des consommateurs et des ménages”. Il notera cependant un seul mérite à ce système : il constitue “un grand recruteur de main-d’œuvre depuis les deux dernières décennies”. Face à cette situation, une réflexion est engagée, avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, pour la création d’entreprises publiques de distribution. Soutenir les efforts des pouvoirs publics dans le domaine de la régulation du marché, notamment en produits alimentaires de base, est la mission principale de ces entreprises. Mais en attendant leur mise en place, le ministère a énuméré un certain nombre de priorités en la matière. Il est question de la réorganisation des marchés, à travers une logique nationale qui devra intégrer tous les opérateurs. Concrètement parlant, il s’agit de l’intégration de ces marchés dans des lieux “salubres, dignes et offrant toutes les conditions d’hygiène et de sécurité, conformément aux normes internationalement admises”. “Ils doivent répondre aux exigences modernes d’espaces de transactions, de libre-échange et surtout de vitrine pour le commerce national”, a expliqué le ministre. Reconnaissant que cet objectif est conditionné par “une nouvelle politique dynamique et incitative à mettre en place par les pouvoirs publics”, Benbada estime que cette priorité requiert aussi la participation des acteurs socioéconomiques, représentés à travers le patronat, syndicats, associations de consommateurs et les APC. Plusieurs études aux fins de l’élaboration d’un “schéma directeur national des infrastructures commerciales” ont ainsi été lancées. Elles auront pour objectif de définir la matrice du système de distribution national. Autrement dit, sa taille, sa nature et l’organisation de chaque sphère ou maillon commercial. Dans les faits, ce schéma permettra d’avoir “un circuit de distribution où les ménages trouvent des lieux d’achats à la hauteur de leurs exigences et où les opérateurs acquièrent un statut, les producteurs et importateurs trouvent un espace de libre-échange et de concurrence loyale et où, enfin, l’État met en place l’outil de régulation efficace”.
N M