Des observateurs étrangers reprochent à l’Algérie d’avoir verrouillé son économie. Ce n’est pas l’avis de Karim Djoudi, ministre des Finances.
«L’Algérie régule et assainit son économie, ses règles de fonctionnement qu’un certain nombre de pays ont introduites», s’est défendu hier M. Djoudi, lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale.
Des observateurs étrangers reprochent à l’Algérie d’avoir verrouillé son économie. Ce n’est pas l’avis de Karim Djoudi, ministre des Finances.
«L’Algérie régule et assainit son économie, ses règles de fonctionnement qu’un certains nombre de pays ont introduites», s’est défendu M. Djoudi, hier lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale.
Selon lui, la démarche de l’Etat vise «àconsolider la base industrielle et augmenter la valeur ajoutée, en réglant au mieux les opérations du commerce extérieur». Si le nombre des projets déclarés en matière d’investissement est passé de 102 en 2008 à seulement 4 en 2009, le ministre soutient en revanche que les IDE n’ont pas baissé en termes de flux financier.
Une situation imputable à l’augmentation du capital des banques et des assurances qui s’est opérée par importation de devises, a-t-il ajouté.
Interpellé sur la mesure dite de 51-49% portant sur l’actionnariat, introduite dans la loi de finances complémentaire de 2009, qui n’agrée pas beaucoup de partenaires étrangers, M. Djoudi a fait savoir que ce cas de figure est le résultat d’un problème «d’explication». «Aujourd’hui, les choses se font correctement. Un certain nombre d’investissements en partenariat dans la logique 51-49% sont en train d’être opérés», précise-t-il.
Et pour rassurer davantage les partenaires étrangers, le ministre des Finances a souligné que l’économie nationale dispose de grandes potentialités. «Nous sommes dans un contexte de crise économique.
L’enjeu pour les entreprises est de trouver des niches économiques. Et l’Algérie est une niche de croissance économique de par ses taux de croissance forts, son plan de développement à moyen terme qui donne une visibilité et une solvabilité à moyen terme pour les entreprises», explique-t-il, en rappelant que l’Algérie a enregistré «une croissance économique forte et constante» dans les secteurs de l’industrie de transformation, des services, du BTPH et de l’agriculture. «Ces entreprises souhaitent être sur le marché algérien dans le cadre des nouvelles dispositions», indique-t-il.
Le Crédoc maintenu
Outre le secteur bancaire et celui des investissements, le droit de préemption sera élargi aux entreprises cédées dans le cadre du processus de privatisation, a révélé le ministre.
«La finalité de la privatisation est de stimuler la croissance économique et créer des emplois. Lorsque les engagements ne sont pas respectés par les repreneurs, l’Etat se donne la possibilité de reprendre les actifs», a-t-il estimé. Selon le ministre, des repreneurs de certaines entreprises privatisées n’ont pas respecté leur engagement. «Des actions sont engagées à leur encontre», dira-t-il, sans pour autant donner plus de précisions.
Interrogé sur l’éventualité d’abroger la disposition sur le crédit documentaire comme unique moyen de payement des opérations du commerce extérieur, objet de toutes les critiques depuis 2009, M. Djoudi a rejeté d’un revers de main cette option, en estimant que le crédit documentaire est «un instrument qui permet d’assurer une mise à niveau de notre commerce extérieur». «Si on abandonne cet instrument, évidemment, on replongera dans les mêmes pratiques d’antan», affirme-t-il.
La loi de finances complémentaire 2010 a apporté un léger allégement. D’ailleurs, sont dispensées de l’obligation de recours au crédit documentaire les entreprises important des pièces détachées ou des intrants dans la limite de 2 millions de dinars
. Un montant que nombre d’opérateurs économiques jugent toutefois dérisoire. «Notre souhait est de rester dans ce crédit documentaire comme forme dominante. Et de donner des possibilités de correction à la marge», a-t-il fait savoir.
Sur un autre sujet, celui de la mesure portant interdiction du transfert des dividendes vers l’étranger, contenu dans la LFC 2009, le ministre a expliqué qu’une «situation fiscale assainie permet un transfert de dividendes libre».
Le cas contraire sera soumis au contrôle rigoureux de la Direction générale des impôts, prévient-il. La liste des interdits semble être élargie notamment aux pierres précieuses, aux lingots d’or et aux valeurs mobilières en vertu d’un amendement de la loi sur les mouvements de capitaux.
Cet amendement a introduit la notion d’autosaisine directe du parquet sans dépôt de plainte de la Banque d’Algérie ou du ministère des Finances en cas d’infraction à la loi, souligne le ministre. Interrogé, enfin, sur le rachat de Djezzy par le gouvernement, le ministre s’est contenté de dire que «les choses sont engagées», sans fournir plus de détails.
Hocine Lamriben