Formes géométriques en relief, figures humaines surgissant dans une pénombre de rêve, et une exploration des nuances de gris menée avec la plus grande sobriété : ainsi se présente l’exposition du peintre Djamal Talbi inaugurée dimanche à Alger.
L’artiste expose jusqu’au 30 avril à la galerie Asselah Hocine (Alger) vingt toiles, semi-figuratives et semi-abstraites où dominent le fond gris et l’utilisation des rectangles dans la construction des motifs et des personnages aux traits floués et aux formes imprécises.
Réalisées entre 2010 et 2013, ces toiles ont été peintes au couteau et la spatule à partir d’une technique que Djamal Talbi appelle le « frotté », qui lui permet de « jouer sur les reliefs en construisant plusieurs plans dans l’espace d’un même tableau » explique-t-il.
Commençant d’abord par poser les couleurs jaune et orange caractérisant la plupart de ses personnages, l’artiste travaille ensuite le fond de sa toile, poursuit-il, en utilisant une couleur grise, diluée ou glacée au fur et à mesure des nuances, des plus proches du noir, jusqu’au gris argenté et presque transparent.
Ainsi, les tableaux de Djamel Talbi semblent baigner dans un halo onirique, qu’il interprète comme « le résultat d’une quête intérieure » et une « volonté de produire une narration basée à la fois sur la sensation au moment où je peins et les références au passé », comme en témoignent des toiles titrées « Aube », « L’isthme » ou encore « Victime du temps ».
Cette quête prend, par ailleurs, une forte dimension spirituelle dans de nombreuses oeuvres où le peintre s’est inspiré de la mystique soufie, qu’il lie à l’histoire de sa famille.
Ces toiles, titrée « Al Mourid » (celui qui s’engage dans la voie soufie), « Nour ala nour » (lumière sur lumière) ou encore « Al Louh Al Mahfoudh »(La tablette du Jugement dernier) sont aussi marquées par l’utilisation des signes se référant à la calligraphie.
Le peintre expose, en outre, une toile intitulée « Trafic d’organe », inspirée par l’assassinat, récemment, de deux enfants, Haroun et Brahim, à Constantine qui a avait suscité un grand émoi, comme pour laisser une trace de l’extrême horreur qu’il avait lui-même ressenti.
Le vernissage de cette exposition auquel ont pris part des plasticiens a également été marqué par une prestation musicale de Omar Khatem qui a improvisé au saxophone des standards du jazz et de la musique algérienne.
Diplômé des Beaux-arts en 2003, Djamal Talbi compte à son actif plusieurs expositions individuelles et collectives en Algérie et en France. Son travail de peintre lui a valu des distinctions dont celle en 2012 du Premier prix du salon national des arts plastiques à Oran.