Le tribunal correctionnel de la ville de Aïn El-Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a rendu hier le verdict dans l’affaire des deux non-jeûneurs, en relaxant Hocine H. et Salem F., interpellés le 12 août dernier par des policiers, alors qu’ils se trouvaient dans un chantier privé, en les accusant d’avoir porté atteinte à l’islam.
À l’extérieur du tribunal hier, le jugement a été applaudi par des centaines de personnes, dont des militants de partis politiques ainsi que de nombreux citoyens venus soutenir ce qu’ils considèrent être une cause faisant partie des libertés démocratiques. “Je suis heureux du verdict”, a déclaré M.
Hocine à l’AFP. “Dès le premier jour du procès, j’avais demandé que justice soit faite. Justice a été faite”, a ajouté cet ouvrier journalier, qui a indiqué vouloir se consacrer désormais plus sereinement à sa petite fille et sa famille, tout en continuant à militer pour une plus grande liberté religieuse.
Il faut savoir que le procureur avait réclamé trois ans de prison ferme. Mais “il n’y a aucun article de loi qui prévoit des poursuites pour ce cas”, avaient souligné les avocats de la défense.
De son côté, le président de l’Église protestante en Algérie, le pasteur Mustapha Krim, a rappelé qu’il s’agissait d’une “étape”, une “bonne étape”, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
“Nous allons continuer à exercer des pressions pour défendre les libertés religieuses” en Algérie, a-t-il ajouté. Le Collectif SOS Libertés a rendu hommage aux deux ex-accusés “qui ont assumé leurs convictions (religieuses) avec dignité et courage”.
Ce groupe d’Algériens, réunis pour défendre notamment la liberté religieuse dans ce pays quasi musulman, a également appelé dans un communiqué au renforcement de la solidarité avec d’autres accusés prochainement déférés devant la justice. Le 10 octobre, quatre chrétiens seront jugés à Larbâa n’ath Irathen, également en Kabylie, pour création d’un lieu de culte sans autorisation.
Selon un responsable du collectif SOS Libertés, Arezki Aït Larbi, “ils n’ont fait que prier dans la maison de l’un d’entre eux, faute d’avoir pu obtenir un document officiel leur permettant de créer un temple”. Un autre procès est prévu le 8 novembre dans la région d’Akbou.
Il s’agit également de non-jeûneurs durant le ramadhan, au nombre de neuf, mais qui ne sont pas chrétiens. Ces hommes avaient été interpellés de “manière musclée” par la police, à en croire le collectif SOS Libertés, alors qu’ils buvaient un café dans un local commercial désaffecté à Ighzer Amokrane (Béjaïa)