Verdict dans l’affaire du port d’Alger: Les peines aggravées

Verdict dans l’affaire du port d’Alger: Les peines aggravées

Le verdict dans l’affaire des ex-cadres et ex-fonctionnaires du port d’Alger est tombé hier tel un couperet sur les parents et proches des mis en cause. Le président de la 8e chambre pénale de la cour d’appel d’Alger a aggravé les peines prononcées contre les deux anciens PDG et ex-cadres du port d’Alger passant ainsi de quatre à six ans de prison ferme.

En effet, les familles, qui se sont rendues en masse au siège de la cour d’Alger pour assister moralement les leurs, n’ont pas digéré les peines prononcées dans cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre depuis son déclenchement il y a une année. Les familles criaient de toutes leurs forces : « Les véritables criminels n’ont jamais été inquiétés.

Ils circulent au vu et au su des autorités qui n’ont même pas daigné les interpeller pour connaître la vérité.» Ainsi, le président de la 8e chambre pénale de la cour d’appel d’Alger, Hellali Tayeb, a aggravé les peines prononcées contre les deux anciens PDG et ex-cadres du port d’Alger passant ainsi toutes à six ans de prison ferme.

L’ancien PDG du port d’Alger F. Ali s’est vu infliger six ans de prison ferme alors qu’il a écopé lors de son premier jugement de quatre ans. Par ailleurs, l’ancien PDG qui avait remplacé F. Ali, en l’occurrence B. Abdelhak, a vu la première peine prononcée à son encontre confirmée, c’est-à-dire six ans de prison ferme.

La même sentence a été retenue contre l’ex-directeur général adjoint que celle prononcée par la juge de la première instance, à savoir six ans de prison ferme. Les deux propriétaires d’entreprises privées condamnés à trois ans de prison ont vu leur peine revue à la hausse passant de trois à six ans de prison ferme.

Le même président a en outre prononcé six ans de prison ferme à l’encontre de D. Saïd et D. Benhanni, respectivement directeur du commandement et directeur de la logistique au niveau du port d’Alger. Les mêmes peines ont été rendues contre Hasni N. et S. Tami, respectivement ancien DGA et directeur du terminal du port.

Ces derniers avaient bénéficié lors de leurs jugements de la relaxe pure et simple. Pour rappel, le représentant du parquet général de la cour d’Alger avait requis, le 12 du mois en cours, 10 ans de prison ferme contre les deux ex-PDG, Ali S. et Abdelhak B. Le procureur général avait, par ailleurs, requis la même peine à l’encontre des autres mis en cause, à l’instar d’A. Z. qui occupait le poste de directeur général chargé de l’administration portuaire.

Le procureur avait estimé, à travers son réquisitoire, que les preuves attestant les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs et de passation de marchés non réglementaires, maintenus lors de l’instruction judiciaire, étaient réunies, y compris pour le grief de négligence professionnelle.

Il avait, en outre, affirmé que la présidente chargée du dossier au tribunal de Sidi M’hamed avait omis d’appliquer certains articles de la loi relative à la lutte contre les malversations. Les avocats de la défense ont demandé la relaxe de leurs clients, estimant que ces derniers faisaient l’objet d’un coup monté.

Ils n’ont pas caché leur mécontentement quant à la manière avec laquelle le dossier a été traité lors de l’instruction judiciaire, allant jusqu’à reprocher à la tutelle de n’avoir pas procédé à des contrôles de routine périodiques avant de porter l’affaire devant les instances judiciaires.

Les inculpés qui se sont succédé à la barre ont déclaré aux trois magistrats chargés du dossier qu’ils n’ont rien à voir avec cette affaire, clamant leur innocence : «Nous avons consacré tout notre temps au service du port. Le chiffre d’affaires a enregistré une montée spectaculaire, estimée à des milliards de dinars par jour.»

Pour rappel, l’enquête préliminaire a été menée par les services du Département du renseignement et de la sécurité dépendant du ministère de la Défense nationale, suite à une lettre anonyme faisant état de dépassements au sein du port d’Alger. Il est à signaler que les différents directeurs actuellement en poste au port d’Alger ont été entendus en qualité de témoins.

Signalons, enfin, que la partie civile a demandé la désignation d’un expert pour évaluer les préjudices, notamment matériels, causés à l’Entreprise portuaire d’Alger.

Redouane Hannachi