Un trafic au vu et au su de tout le monde
Pour Karim Djoudi, la loi est très claire à ce sujet. Le marché parallèle est interdit et le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour l’éradiquer.
Daho Ould Kablia a-t-il commis une énorme bourde, en se faisant l’avocat des vendeurs de devises au noir? En déclarant que le marché parallèle de la devise ne devrait pas être interdit, que les citoyens y trouvaient leur compte et que les hautes sphères de l’Etat connaissent parfaitement les personnes qui s’adonnent à ce trafic et alimentent le marché, Daho Ould Kablia a suscité une vive polémique.
Pour le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui s’exprimait face à la presse, mardi, la loi est on ne peut plus claire à ce sujet. Non seulement elle interdit le marché noir des devises, mais réprime aussi, très sévèrement, ceux qui l’enfreignent.
Afin de prendre ses distances avec son homologue de l’Intérieur et des Collectivités locales, et lui signifier qu’il n’est pas du tout d’accord avec lui, le premier argentier du pays a indiqué que «le gouvernement va combattre le marché informel de la devise.»
A ceux qui essaient de le justifier, en prétextant des raisons économiques, M.Djoudi est formel: «Dans l’économie, il existe un marché officiel.
Il n’y a pas de place pour le marché noir.». Cette cacophonie qui a, depuis, mis dans la gène les hautes autorités du pays, traduit dans les faits le profond malaise, voire le manque flagrant de coordination et de concertation, surtout entre les ministères de souveraineté. D’ailleurs, beaucoup s’interrogent sur cette sortie soudaine et sur les réelles motivations du ministre de l’Intérieur, qui a pris à contre-pied tout le monde. L’Algérie, qui a mis en branle une nouvelle politique pour relancer son économie et la débarrasser des parasites qui gravitent autour d’elle et la freinent, a besoin de plus de sérénité et aurait pu s’épargner un tel débat.
D’autant qu’il touche à un domaine très sensible, à savoir le marché des devises Tout le monde sait qu’il existe un trafic de devises et que les transactions se font en plein jour et devant tout le monde, mais lorsque c’est un haut responsable du gouvernement qui rompt le silence et essaye, envers et contre tout, de le défendre, en déclarant qu’il n’existe pas de raison pour l’interdire, il y a anguille sous roche et le président de la République doit intervenir pour recadrer tout le monde.
Premier à avoir réagi aux déclarations de Mr Ould Kablia, le président de la Commission des finances et du budget de l’APN, Khelil Mahi, a stigmatisé la vente au noir des devises, en demandant l’interdiction des marchés parallèles.
«Tout ce qui n’est pas légal doit être immédiatement interdit», a-t-il rétorqué. En attendant, et en l’absence d’une réglementation permettant à ceux qui s’y adonnent de le faire en toute légalité, le marché noir des devises est le seul endroit où les citoyens désireux de voyager peuvent s’approvisionner, même si tout le monde sait que ce sont les gros bonnets qui le gèrent et qui l’alimentent.
