Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé mercredi 2 août que l’installation de l’Assemblée constituante, initialement prévue pour jeudi, était reportée à vendredi. Une assemblée dont la légitimité a été mise en cause par l’entreprise chargée des opérations de vote, qui dénonce une « manipulation ». La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, a annoncé mercredi soir qu’elle avait ouvert une enquête sur les suspicions de fraude entourant l’élection de cette Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution.
La séance inaugurale de l’Assemblée constituante était annoncée pour mercredi puis jeudi. Elle aura finalement lieu vendredi. Arrivé avec plus de 4 heures de retard, le président Maduro n’est apparu qu’en début de soirée sur la scène du Poliedro, un complexe de spectacles au sud de Caracas. À ses côtés, les figures les plus importantes du parti chaviste au pouvoir et dans son public, les plus de 500 membres de la Constituante, rapporte notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez.
Au cours de son allocution, Nicolas Maduro a notamment assuré que la Constituante serait officiellement installée ce vendredi donc « pour des raisons d’organisation » … avant de préciser que les nouveaux élus « s’installeront sûrement au Parlement ».
Cette séance inaugurale sera « organisée dans la paix, dans la tranquillité et avec tout le protocole nécessaire vendredi prochain à 11 heures du matin » (15h00 TU), a assuré le chef de l’Etat.
Un vote « manipulé » selon l’entreprise Smartmatic
Mais Nicolas Maduro en a aussi profité pour dénoncer l’entreprise britannique Smartmatic en charge du système de vote électronique au Venezuela depuis 2004. Son PDG Antonio Mugicala assurait mercredi que les chiffres de la participation « ont été manipulés ». « La différence entre la participation réelle et celle annoncée par les autorités est d’au moins un million de votes », a-t-il estimé.

Le président Maduro assure lui que 8 millions de Vénézuéliens ont bel et bien pu accéder aux bureaux de vote ce dimanche… Il ajoute qu’il y aurait du en avoir « au moins 2 millions de plus, qui n’ont pas pu voter à cause des barricades » condamnant au passage les actions de l’opposition.
L’accusation de fraude « est une affirmation irresponsable basée sur des estimations sans fondement concernant la base de données dont dispose exclusivement » le Conseil national électoral (CNE), s’est défendue pour sa part sa présidente Tibisay Lucena. « Plus grave encore, l’entreprise SmartMatic a participé à tous les audits, a entré ses propres codes pour chiffrer les fichiers et protéger les applications qui ont été déployés sur la plateforme électorale. Autrement dit, toute manipulation, comme celle signalée par Mugicala, suppose de nier que SmartMatic est partie prenante dans la sécurité du système de décompte total. Le pouvoir électoral se réserve le droit d’engager toutes les poursuites légales adéquates contre de telles affirmations irresponsables. »
Luisa Ortega annonce une enquête sur une fraude éventuelle
La procureure générale du Venezuela Luisa Ortega a elle indiqué mercredi soir qu’elle avait ouvert une enquête sur les suspicions de fraude et nommé deux magistrats pour enquêter sur les quatre directeurs du CNE (Conseil national électoral).
L’opposition avait boycotté le scrutin, dénonçant une « fraude » visant à prolonger le pouvoir de Nicolas Maduro, dont le mandat s’achève en 2019. Et elle n’entend pas baisser les bras. Elle a en effet appelé les Vénézuéliens à manifester ce jeudi vers l’Assemblée Nationale où elle est majoritaire, « pour soutenir le Parlement ».