Venezuela : dialogue et refus d’ingérence extérieure, un projet de déclaration américain bloqué

Venezuela : dialogue et refus d’ingérence extérieure, un projet de déclaration américain bloqué

 Plusieurs pays ont apporté leur soutien aux autorités légitimes au Venezuela, après la « tentative d’usurpation du pouvoir », dénonçant une « ingérence extérieure » et appelant au dialogue, alors que l’ONU a rejeté un projet de déclaration américain.

Plusieurs pays, notamment la Chine, la Russie, l’Iran, la Syrie, la Turquie, la Bolivie, le Mexique et Cuba ont exprimé leur « ferme soutien » et solidarité au président Nicolas Maduro et dénoncé vigoureusement une « tentative d’usurpation du pouvoir » par le président du parlement, Juan Guaido, qui s’est utoproclamé mercredi dernier lors d’une manifestation à Caracas comme « président en exercice » du Venezuela.

La Chine maintient que « tous les pays doivent adhérer aux objectifs et aux principes de la charte des Nations unies, notamment les normes des relations internationales et le droit international, qui comprend la non-interférence dans les affaires intérieures d’un autre pays, le respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, et s’abstenir d’utiliser la menace du recours à la force ».

Pour Pékin, les affaires du Venezuela « doivent et ne peuvent être choisies et décidées que par le peuple vénézuélien », appelant toutes les parties concernées à « respecter le choix du peuple vénézuélien », avant d’exprimer le soutien à « toutes les parties au Venezuela à chercher une solution politique via le dialogue pacifique, dans le cadre de la constitution du pays ».

Dans le même sillage, la Russie s’est félicitée vendredi que la majorité des pays ont refusé l’ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela, affirmant que le plus important dans la situation du pays est d’éviter les interventions étrangères.

Moscou souligne que « les citoyens vénézuéliens doivent résoudre eux-mêmes les problèmes de leur pays, sans aucune intervention étrangère ».

Dans ce contexte, M. Maduro se dit prêt à rencontrer son opposant, mais ce dernier refuse et appelle à une grande mobilisation la semaine prochaine pour exiger le départ de M. Maduro.

== Un projet de déclaration américain bloqué ==

Un projet de déclaration américain au Conseil de sécurité de l’ONU sur le Venezuela visant à apporter « un plein soutien » à l’Assemblée nationale vénézuélienne dirigée par M. Guaido, a été bloqué samedi par la Russie et la Chine.

Le texte, qui souligne aussi l’engagement de cette Assemblée à « restaurer la démocratie et l’Etat de droit » au Venezuela, parlait d’une « absence de légitimité » du dernier processus électoral dans le pays et condamnait un « recours à la violence » des forces de sécurité contre des manifestants.

La Russie, avec le soutien de la Chine, a rompu une procédure de silence entre les 15 membres du Conseil visant à faire adopter le document.

Selon une source diplomatique, le projet est désormais enterré, le texte proposé par la Russie demande un dialogue politique au Venezuela.

Paris et Berlin ont, quant à eux, lancé samedi un « ultimatum » à M. Maduro, disant qu’ils reconnaitraient M. Guaido comme « président » si des élections n’étaient pas convoquées sous « huit jours ».

La Cour suprême a renouvelé, lors d’une session spéciale, son « plein appui » à M. Maduro face à la tentative d’usurpation du pouvoir par Juan Guaido. M. Maduro, qui avait prêté serment le 10 janvier pour son second mandat à la tête du pays, a déclaré qu’il ne quitterait pas sa fonction de Chef de l’Etat avant l’expiration de son mandat en 2025.

Le président élu a assuré, en outre, qu’il ne renoncerait en aucun cas aux engagements de son pays vis-à-vis de la communauté internationale, insistant sur l’importance de « la justice pour préserver la paix dans le pays ». Jeudi, M. Maduro a reçu l’appui de l’armée face à M. Guaido, renvoyé mardi du poste de président de l’Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s’est autoproclamé mercredi « président en exercice » du pays et a prêté serment dans la rue.

Le président américain, Donald Trump, l’a reconnu immédiatement comme « président par intérim » du Venezuela et déclaré qu’il « utiliserait tous les outils économiques et diplomatiques pour rétablir la démocratie au Venezuela ».

Nicolas Maduro a dénoncé la démarche entreprise par Washington, l’accusant d’avoir incité à « un coup d’Etat au Venezuela ». Il a décidé alors de rompre officiellement les relations diplomatiques avec washington, invitant tous les diplomates américains à quitter dans 72 heures le territoire vénézuélien et de fermer l’ambassade et de tous les consulats de son pays aux Etats-Unis.