Vendu aux cancéreux à 4 000 DA le kg Les dauphins massacrés pour leur foie

Vendu aux cancéreux à 4 000 DA le kg Les dauphins massacrés pour leur foie

De plus en plus de dauphins sont massacrés «pour leur foie», sur les côtes algériennes. Des pêcheurs indélicats ont recours à des pratiques de pêche «illégales», afin de les attraper et vendre leur foie à un prix très élevé.

Le prix du kg du foie de dauphin est coté 4 000 DA, il pèse entre 3 et 4 kilogrammes. Ainsi, les commerçants empochent plus de 10 000 DA pour chaque dauphin tué. Les acheteurs sont des malades, généralement souffrant de cancer, de maladie de cœur ou d’hémorroïdes.

Ils croient au miracle de guérir en consommant du foie de ce mammifère marin. Ce qui est d’ailleurs faux. Le commerce est florissant, apprend-on auprès de la Fédération nationale des marins pêcheurs. Selon son président, Hocine Bellout, qui tire la sonnette d’alarme, «la situation est grave» et «les autorités publiques se doivent d’intervenir de toute urgence».

«Il s’agit d’actes criminels» dénonce l’orateur qui rappelle que les pratiques de pêche employées par ces pseudo-pêcheurs sont strictement interdites par les conventions internationales. En fait, ces individus utilisent des filets de pêche dérivants de 3 500 à 4 000 mètres de longueur et 30 à 40 mè-tres de largeur. Des dimensions tellement grandes qu’elles constituent une menace sérieuse pour plusieurs espèces marines.

Il y a près d’une semaine, un dauphin a été capturé, mutilé puis abandonné à la plage «Ilot des chèvres», dans la wilaya de Skikda. M. Bellout affirme qu’il a été pêché avec des filets interdits. Il y a quelques semaines, ce sont deux autres dauphins qui avaient été pêchés, de la même manière, à El Djamila à Alger. En octobre 2009, toujours dans la wilaya de Skikda, 5 autres dauphins avaient fait les frais de l’avidité des pseudo-pêcheurs.

D’autres exemples et bien d’autres lieux ont été cités par le président de la Fédération nationale des marins pêcheurs (DNMP), que ce soit à Aïn Témouchent, Mostaganem, Oran ou Tipasa. Hocine Bellout précise que le nombre de dauphins massacrés est très important, mais on ne peut avoir des chiffres exacts sur l’ampleur du phénomène, et ce, pour la simple raison que la pêche se fait en cachette. Ce qui est certain, c’est que le massacre se poursuit encore à travers les 14 wilayas côtières du pays et il est à craindre qu’il se généralise, à force que la demande sur leur foie augmente.

Interrogé sur le rôle que devraient jouer les services de sécurité pour mettre un terme à cette situation intenable et en finir avec les pratiques préjudiciables de certains pêcheurs, l’orateur dira que «seule la mobilisation d’une police de la pêche est en mesure de juguler ce phénomène».

Pour lutter contre ces pratiques, «il faut former des agents qui maîtrisent la législation maritime afin qu’ils puissent relever les infractions et appliquer la loi», a préconisé notre interlocuteur. Il a aussi expliqué que les garde-côtes ne sont pas formés pour assurer cette tâche et seul un organisme spécialisé pourra arrêter la boucherie. M. Bellout n’a pas manqué de préciser, par ailleurs, que «les dauphins pleurent comme des petits enfants lorsqu’on les blesse ou qu’on les agresse».

Aomar F.