Kharroubi Habib

L’investiture du controversé Abdelkader Bensalah apparaît en effet révélatrice aux Algériens que l’état-major de l’armée n’a nullement l’intention de se plier à la souveraineté populaire, mais de permettre aux tenants du régime dont la rue revendique le démantèlement de se ressaisir et reprendre la main dans la période de transition que vont piloter sous le parapluie militaire les plus décriés d’entre eux.
Pour les citoyens il est devenu clair que le général Gaid Salah et le commandement de l’armée ont d’emblée opté pour un étalage symbolique du régime que laisse le président déchu et non pour son démantèlement radical tel que revendiqué. Leur prise de conscience leur impose de reconsidérer la position bienveillante et valorisante du comportement de l’institution militaire depuis le 22 février. Ce à quoi ils invitent sans détour les voix qui se sont élevées pour dénoncer l’investiture de Bensalah comme étant la première séquence d’une contre-révolution en marche à laquelle l’armée a décidé de lui offrir les chances d’aller au bout. La rue n’a pas attendu vendredi pour faire savoir qu’elle est déterminée à ne pas accepter le fait accompli d’une contre-révolution qui dessaisirait à nouveau le peuple de son pouvoir souverain.
L’effervescence populaire anti-investiture de Bensalah est déjà palpable. Mais demain sera certainement le jour de vérité où l’on saura jusqu’où les Algériens sont prêts à aller dans leur refus d’une transition qui s’opère dans un cadre avec des parties prenantes qui rendent illusoires leur aspiration et revendication d’un changement radical du système et du régime politique en place et concourront à un ravalement de façade.