Vendredi, acte V de la contestation 

Vendredi, acte V de la contestation 

Moncef Wafi

Vendredi, acte V de la contestation 

Les Algériens s’apprêtent de nouveau à vivre un autre vendredi de contestation et on s’attend à des millions de manifestants qui vont défiler dans les villes algériennes.

Tout le monde s’est donné rendez-vous pour ce 22 mars pour exiger, pacifiquement, le départ du régime en place et refuser le prolongement tacite du quatrième mandat. Si la marche du 15 mars dernier a drainé une foule impressionnante, celle de ce vendredi intervient dans un contexte particulier caractérisé par une offensive d’El Mouradia et plusieurs messages adressés aux Algériens que ce soit par Bouteflika ou Gaïd Salah, différemment commentés. L’entre deux vendredi a été également marqué par la tournée de Lamamra dans plusieurs capitales européennes et en Chine pour tenter de rassurer les partenaires stratégiques de l’Algérie et expliquer la feuille de route proposée par Bouteflika.

L’opinion publique a aussi été témoin des premières défections au sein des partis majoritaires à l’APN avec le ralliement d’une grande partie des mouhafedhs du FLN au mouvement populaire, à partir de Lakhdaria, suivie, hier, par Mouad Bouchareb, le coordonateur du parti ainsi que la sortie médiatique de Ouyahia et particulièrement de son dauphin, Chihab Seddik, qui a affirmé que son parti, le RND, a fait une erreur d’appréciation en cautionnant le cinquième mandat. Les Algériens ont assisté aux difficultés rencontrées par le Premier ministre Bedoui dans la confection d’un nouveau gouvernement et la convocation de noms cooptés par l’administration en guise de représentants du hirak. Des plateformes de rencontre citoyenne ont été initiées pour essayer de trouver une sortie de crise à la situation actuelle.

Et comme les autres dernières semaines, le mardi a été le théâtre d’une imposante journée de mobilisation qui a vu le personnel médical, les étudiants, les travailleurs des communes manifester dans plusieurs villes du pays dont Alger, Oran, Bejaia, Constantine, Annaba, Tizi-Ouzou ou encore Bouira. Par ailleurs, la manifestation prévue ce vendredi 22 mars a enregistré l’appel de l’inénarrable Rachid Nekkaz qui a invité les Algériens à marcher sur le siège de la présidence. L’homme d’affaires a lancé un appel au peuple algérien dans une vidéo diffusée en arabe sur sa chaîne YouTube, le 14 mars dernier, appelant les manifestants à converger vers le palais présidentiel d’El Mouradia.

Un appel que beaucoup de voix ont condamné, craignant un dérapage du mouvement dans la violence d’autant plus que depuis le début des manifestations pacifiques, le pouvoir a explicitement tracé une ligne rouge en direction du palais présidentiel protégé par d’importantes forces de police.