Les familles algéroises peuvent sortir la nuit grâce au métro
Alger serait-elle enfin devenue cette grande métropole desservie par des moyens de communication et de transport modernes et efficaces?
Avec l’avènement du métro et du tramway l’on serait tenté de répondre par l’affirmative. En effet, à l’orée de ce mois sacré de Ramadhan, la capitale algérienne semble connaître une certaine animation nocturne qui contraste avec les timides soirées qu’aura connues El Bahdja, jusqu’à ces dernières années.
Alger devient désormais intarissable, grâce justement aux deux importantes réalisations que sont le tramway et le métro qui fonctionnent selon un schéma qui tient compte des autres moyens de locomotion comme le véhicule particulier ou le téléphérique. Finalement, ces deux engins ont quasiment révolutionné le mode de vie des Algérois et démocratisé les ballades nocturnes. Ces dernières ne sont plus l’apanage de Staouélli, Bab El Oued ou Alger-Centre.
Des familles entières osent enfin mettre le nez dehors après le f’tour encouragées et sécurisées par un transport inédit, confortable, aux horaires réguliers etc.
Une vraie bouffée d’oxygène en somme pour ces citoyens qui semblent enfin s’affranchir du diktat des transporteurs privés qui ignorent, faute d’une réglementation rigoureuse, toute notion de service public. Prix étudiés, gratuités à quelques occasions, horaires tardifs et sécurité, tout est fait pour extirper l’Algérois de son introversion et le plonger dans le bain d’une cité inédite qui prend imperceptiblement forme. Ceci est particulièrement vrai pour les habitants de la banlieue Est de la capitale, laquelle tend à devenir le Beverly Hills national. Ainsi, les rails du métro peuvent mener, au choix, au Hilton, au mégacentre commercial Ardis, flambant neuf, au parc de loisirs des Pins maritimes, mais également au Mercure et au Mall de Bab Ezzouar. A croire que le centre de la mégalopole se déplace vers l’Est.
Le tramway dont le tracé est encore appelé à s’allonger a donc, d’ores et déjà, réussi à insuffler une nouvelle dynamique dans l’été algérois.
Jumelé au métro, il réussit à arracher à Alger son étiquette d’espèce de grand village en pente, avec d’affreux immeubles en mal de rénovation.
Certes l’expérience du voyage en tramway et en métro n’est qu’à ses débuts, mais la population donne la nette impression d’avoir adopté ces deux véhicules qui réussissent à atténuer la pression au niveau des grandes artères routières. Particulièrement en été et durant les périodes de congé.
La zone touristique de Bordj El Kiffan, par exemple, ne connaît plus les interminables files de voitures embarquant des familles venues des quatre coins de l’Algérois pour s’attabler à quelques terrasses. L’ex-Fort de l’Eau respire un oxygène moins chargé et voit son espace urbain plus serein grâce au tramway et ce, au grand bonheur des noctambules. Tramway et métro parviennent à améliorer sensiblement la qualité de vie des Algérois.
Nombreux sont d’ailleurs les fonctionnaires à avoir modifié leur mode de déplacement en optant pour ces deux nouveaux venus, alors qu’ils étaient auparavant adeptes du bus ou de la voiture. Même le prix du ticket que d’aucuns ont décrit comme prohibitif n’a pas dissuadé ces citoyens en quête d’un transport confortable et digne. Surtout qu’il permet de rallier la capitale d’est en ouest en quelques minutes seulement. «Le métro et le tramway sont des joyaux qui vous font oublier votre voiture, qui vous font oublier la misère urbaine!» avouent les utilisateurs.
«Mon lieu de travail est situé sur l’axe du tramway et je suis très heureuse de pouvoir enfin le rejoindre à son bord. Le tramway, tout comme le métro, se révèle un havre de quiétude et de confort, surtout qu’il permet de sentir ce contraste indéniable qui le sépare des bus privés et de leur cortège de tracasseries, de retards, de confinement et de diktat des transporteurs!» ajoute une jeune femme, cadre supérieur.
A entendre cette dernière, l’on réalise que les Algériens se sentent enfin considérés et flattés dans leur ego de citoyens qui aspirent à la modernité et à la dignité dans les transports en commun.
Ce constat est encore plus vrai durant cet été.