Véhicules de tourisme,Nouvelles dispositions pour les importateurs

Véhicules de tourisme,Nouvelles dispositions pour les importateurs

Il était attendu que les volumes globaux de ventes automobiles en 2012 en Algérie qui ont dépassé les 560 000 unités ne pouvaient laisser de marbre les pouvoirs publics. D’autant que la facture y afférente en devise forte a frôlé les 7 milliards de dollars.

Les voyants sont immédiatement passés au rouge et les hypothèses qui étaient émises déjà à la fin du premier semestre de l’exercice écoulé à la suite des résultats partiels annonçant un «raz de marée» à quatre roues sur le pays, ont vite pris la forme de directives transmises récemment et officieusement aux concessionnaires les informant de nouvelles dispositions pour l’homologation des voitures importées. Il serait désormais exigé la dotation minimale de deux airbags et de l’ABS sur chaque véhicule mis en circulation dans notre pays, ainsi qu’une copie du «crash test» effectué par le constructeur.

Une réaction prévisible mais qui était attendue du coté des augmentations ou l’instauration de taxes supplémentaires, voire même le recours l’affectation de quotas pour chaque constructeur comme c’est le cas chez nos voisins. Rien de tout cela, le ministère de l’Industrie semble avoir privilégié, et à juste titre du reste, la mise en avant de l’argument sécuritaire pour tenter d’endiguer l’évolution vertigineuse du parc automobile national. Néanmoins les textes actuellement en vigueur réglementant l’activité automobile, notamment le cahier des charges, ne font pas obligation aux concessionnaires de prévoir sur leurs voitures les équipements cités plus haut. Dans son article 21, ce texte stipule clairement que «le concessionnaire est tenu de promouvoir le marché national parmi le lot des véhicules importés, en véhicules dotés de toutes les options possibles, notamment le système ABS, l’air-bag, le système anti-dérapage…»

Il est donc évident que ces directives qui peuvent être assimilées à un ballon de sonde auprès des importateurs, annoncent d’ores et déjà la mise en application éminente de mesures plus restrictives pour, à la fois, réduire le nombre de véhicules importés et hisser vers le haut le niveau de la sécurité active de la voiture. Il est aujourd’hui de notoriété publique qu’à la faveur des importations massives enregistrées ces dernières années, certains concessionnaires automobiles ont mis sur le marché des milliers de véhicules démunis des équipements élémentaires de la sécurité, absence d’airbag ou limité au seul conducteur, absence d’ABS, ceintures de sécurité peu efficaces en cas d’accidents, absence de poignée de maintien pour le passager avant, un système de freinage aléatoire en cas d’urgence, etc. A cela s’ajoute une structure métallique parfois aux matériaux non conformes et des renforcements inexistants au niveau des éléments de la sécurité passive.

Un état alarmant qui se traduit hélas par des hécatombes régulières sur nos routes et un bilan macabre qui place l’Algérie en haut «de l’affiche ». Et précision de taille : longtemps décriés, les produits chinois n’ont pas l’apanage de cette médiocrité. Car il faut souligner que l’Algérie est l’un des rares pays au monde affichant un potentiel de vente exponentiel et dont les accès d’importation sont ouverts aux quatre vents sans aucune réglementation en la matière. Il est devenu un débouché salutaire à une industrie automobile mondiale brinquebalante. Des navires usines en provenance de toutes les régions du monde débarquent de leurs entrailles des milliers de voitures en quête de clients peu exigeants. Par ailleurs, nous devons rappeler que cet état de fait a été largement encouragé et favorisé par le choix des clients dont l’écrasante majorité n’a de souci que le critère prix. Une tendance qui justifie amplement la domination à plus de 50% des véhicules vendus à moins de 1 000 000 DA (un million de dinars) avec naturellement les airbags et l’ABS en moins. Et c’est donc plus de la moitié des ventes globales du marché de l’automobile en Algérie qui est ainsi remise en cause par les dispositions restrictives annoncées pour les prochains jours. L’obligation de doter ces voitures en équipements de sécurité engendrera immanquablement un surcoût au niveau de la production et par voie de conséquence une augmentation des prix de vente en Algérie.

Mais c’est aussi priver une partie importante de la population algérienne de la possibilité d’acquérir un véhicule neuf à un prix accessible, qui plus est, est payé rubis sur l’ongle et séance tenante. Quelles seront les répercussions de ces nouvelles dispositions sur les performances commerciales des concessionnaires installés en Algérie ? Quelle sera l’attitude du client algérien face à cette énième restriction dont il a pris l’habitude d’en payer les frais ? Quelles incidences auront ces mesures sur l’accidentologie dans notre pays ? Autant de questions que d’aucuns se poseraient et attendraient les réponses au cours des prochains mois, voire semaines.

B. Bellil