Valorisation des produits agricoles, « Filaha » propose un autre regard

Valorisation des produits agricoles, « Filaha » propose un autre regard

En collaboration avec le Ceimi (Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja) et des professionnels de l’agriculture et de l’agro-industrie, la Fondation «Filaha Innove» a organisé mardi à Blida une conférence-débat relative au 15e «Salon international de l’élevage, de l’agroalimentaire et de l’agroéquipement- Sipsa -Agrofood» qui se tiendra du 14 au 17 mai prochain à Alger.

Cette conférence a gravité autour du thème de la «Valorisation des produits agricoles (notamment du terroir), pour que l’agriculture soit le fer de lance de l’industrie agroalimentaire». Dans son intervention, le représentant du président du Ceimi, a mis en exergue les liens convergents qui existent entre son groupe et Filaha Innove qui ont pour objectif commun de créer une symbiose entre l’agriculture et l’industrie agroalimentaire à travers l’intervention directe des exploitants. Pour ce faire, a-t-il dit, un savoir-faire est indispensable pour soustraire le secteur qui est dépendant des importations comme par exemple de produits chimiques pour le traitement des sols. Il a rappelé d’autres dépendances dont est tributaire le pays comme la farine et les produits de base céréaliers. Pour lui une «labellisation» du produit agricole algérien est indispensable citant en exemple le cas de pays voisins qui ont un label de leurs produits qui est «bien accueilli» sur les marchés internationaux en citant le cas de l’huile d’olive.

Le conférencier a souligné la nécessaire démarche vers cette formule en respectant les normes internationales requises. A cet effet, il préconise le volet de la production des semences végétales ou animales par insémination artificielle pour créer des races plus productives en ce qui concerne les vaches laitières. Le Dr Nacer Idres a pour sa part développé le principe de la segmentation et de la spécialisation dans chaque branche. Il a regretté l’état de délabrement dans lequel évolue le «marché complexe» des viandes blanches et déploré vivement l’existence d’abattoirs non conformes, sources de maladies de toutes sortes. Il dira que le consommateur a le droit d’exiger un produit propre en pointant du doigt la mauvaise destination de l’argent investi qui est dilapidé par des malversations multiples. Le Dr Idres pense qu’il faut passer à «la spécialisation pour réduire la marge d’erreurs dans l’exploitation du secteur».

Le Dr Karim Rahal a de son côté développé le thème de «L’agro-écologie et l’année internationale des sols Torba». Il a averti que la population mondiale est en constante augmentation alors que les sols sont gravement dégradés d’est en ouest et au nord du pays. Cet état est dû surtout à la pratique des monocultures qui appauvrissent les sols et les empoisonnent avec l’utilisation intense de produits phytosanitaires non conventionnels lesquels «tuent les organismes vivants des sols». Plaidant pour une agriculture durable (agroécologie) il a soutenu que «la terre est un organisme vivant» dont il faut prendre soin de façon continue. D’autres techniques ont été exposées à cette occasion pour mieux valoriser la production agricole du pays.

On citera l’agro-foresterie, qui demande l’implantation de beaucoup plus d’arbres et le paillage des sols qui consiste à ne jamais laisser un sol nu à découvert. La question du compostage des déchets agricoles a été posée en citant les débris de rameaux qui jonchent les terres et les dangers des labours profonds qui menacent les terres arables. Il s’exclamera que l’année 2030 verra 60 millions de consommateurs algériens qui devront être nourris par des terres en voie de désertification. L’expert en lait et produits laitiers, Abdelhamid Soukhal n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer la vente de lait cru non pasteurisé qui se fait couramment en contradiction flagrante avec la loi. Il a regretté l’absence de cultures fourragères de qualité comme le maïs ou la luzerne. Pour lui, il faut renforcer l’élevage familial et investir dans les potentialités humaines en commençant la formation dans les écoles et autres lieux universitaires, en déplaçant les apprenants dans les abattoirs pour prendre part, par exemple, au découpage des carcasses comme cela se fait aux Etats-Unis.