«La dernière augmentation reste insuffisante»
Ali Brahimi se demande que cache la frilosité du pouvoir devant le débat contradictoire?
Le député de la wilaya de Bouira, Ali Brahimi, qui a interpellé le gouvernement le 14 décembre dernier au nom de 34 députés, au sujet du scandale des pensions dérisoires de deux millions de retraités, revient à la charge. Dans une déclaration dont une copie nous est parvenue hier, ce député déplore que le gouvernement, qui a décidé d’une revalorisation des pensions moins d’une semaine plus tard, ne s’est pas présenté devant l’APN pour répondre à cette interpellation. «Le respect de la loi aurait voulu que le Gouvernement se présente devant l’APN au plus tard le 29 décembre, surtout que j’ai maintenu ma démarche. Peine perdue, mes multiples réclamations au président de l’APN et les intercessions qu’il m’a dit avoir effectuées auprès du Gouvernement n’y auront rien pu», dénonce-t-il dans la déclaration. M.Brahimi, qui trouve curieux qu’un gouvernement qui a augmenté les pensions refuse de s’en prévaloir devant l’APN, estime que cette démarche reconduit sa (gouvernement) «hogra» même dans le Parlement. Il se demande, par conséquent, que cache la frilosité du pouvoir devant le débat contradictoire?
«Les premiers éléments de réponse commencent à s’esquisser sur un sujet social sensible: le pouvoir refuse de rembourser à la CNR (Caisse nationale des retraites) les 500 milliards de dinars qu’il lui a imposé depuis près de vingt ans au titre du régime dérogatoire des retraites avant l’âge, proportionnelle et autre départ volontaire», lit-on dans la même déclaration. Le député de Bouira estime, en outre, que les augmentations sont très inférieures aux promesses du communiqué du Conseil des ministres.
Ce que les retraités ont déjà exprimé. «La dernière augmentation reste insuffisante parce qu’on s’attendait à une augmentation conséquente d’au moins 40% avec un rappel de janvier 2011 et de réajuster la prime de la femme au foyer qui n’a pas évolué depuis 1994», a indiqué Mohamed A. retraité d’Alger.
Pour ce dernier, le gouvernement n’a pas été à la hauteur des espérances de cette couche de la société qui a fini par désespérer, ne croyant plus aux promesses aléatoires des autorités. Pour les petites pensions, «on a voulu qu’il n’y ait pas un retraité qui touche mois de 15.000 dinars. Or, en réalité, des milliers de retraités sont classés dans cette catégorie», a-t-il encore souligné. Notre interlocuteur espère que le réunion du conseil d’administration de la CNR, qui se tiendra le mois de mai prochain, corrigera les erreurs et rétablira les retraités dans leurs droits élémentaires en consacrant une augmentation conséquente de leur pension à même de faire face aux aléas de la vie. Il espère aussi que cette réunion soit sanctionnée par l’acceptation de la majoration de la pension de la femme au foyer qui est actuellement de 1731 dinars, pour atteindre le minimum de 3000 dinars. Par ailleurs, le député de la wilaya de Bouira pose, dans sa déclaration, une question fondamentale. «Qui supportera la charge des dernières augmentations, la CNR ou le Trésor public,» s’interroge-t-il, notant que, dans la forme, la revalorisation des pensions relève des prérogatives du conseil d’administration de la CNR, un organisme autonome mutualiste censé appartenir aux travailleurs.
«Nulle démocratie ne peut se construire sur le mépris des catégories sociales les plus vulnérables, à plus forte raison dans un pays dont les richesses sont ravagées par la corruption», conclut-il.