Valorisation des déchets: Un trésor dans votre poubelle

Valorisation des déchets:  Un trésor dans votre poubelle

L’essentiel des déchets urbains est d’ordre industriel, cela entraîne des conséquences sur le plan de sa gestion et de son coût pour le Trésor public.

La Safex abritera du 9 au 12 octobre prochain un Salon international de la récupération et de la valorisation des déchets (Revade). Cette manifestation a pour but de redonner à cette filière une double importance à la fois environnementale et économique.

La gestion des déchets en Algérie est reléguée au second plan au vu des quantités considérables qui ne sont pas réellement traitées judicieusement en matière de récupération et de valorisation.

Le salon aura le mérite d’aborder la question lancinante de la politique environnementale et la gestion des déchets multiformes en Algérie. Les statistiques officielles qui ont trait aux déchets recyclables annoncent un chiffre qui avoisine les 60%, des 13,5 millions de tonnes de déchets relevant des produits ménagers chaque année au niveau national.

Ce chiffre renseigne sur la situation de la gestion et le recyclage de ces matières qui est en deçà de ce que ce créneau pourvoyeur de la richesse et de l’emploi pourrait enclencher comme processus industriel et environnemental au profit des entreprises qui s’engageront dans cette filière juteuse.

Rien que pour le volet des déchets en rapport avec des produits en plastique comme c’est le cas pour les bouteilles qui sont estimées à 350.000 tonnes par an.

La valorisation et la récupération rapportent 38 milliards de DA

Le recyclage et la valorisation des déchets qu’ils soient domestiques ou industriels sont en soi un marché très porteur et lucratif. La filière est doublement rentable comme activité économique et environnementale. Pour ainsi dire, le défi s’impose pour réhabiliter et relancer l’activité du recyclage à la fois pour répondre aux besoins du marché de l’emploi en endiguant la sempiternelle question du chômage en créant jusqu’à 7 600 postes de travail et elle contribue à rapporter une bagatelle considérable d’argent qui avoisine les 38 milliards de DA par an.

C’est un créneau pourvoyeur d’emplois et de valeur ajoutée par excellence. Ces chiffres ne sont pas le produit de sornettes fantaisistes, ils sont appuyés par des études faites par les Sud-Coréens en coordination avec des cadres algériens spécialisés dans ce domaine du recyclage et de la valorisation des déchets multiformes.

La directrice générale de la Chambre algérienne du commerce et de l’industrie (Caci), Ouahiba Behloul, a rappelé que ce volet du recyclage et de la valorisation de déchets est une opportunité pour le pays dans le sens que ce dernier est en mesure de répondre à deux besoins majeurs, à savoir la préservation de l’écosystème en misant sur la mise en valeur de l’espace environnemental du pays et la création des circuits industriels susceptibles d’absorber le chômage endémique qui caractérise l’économie du pays en apportant une plus-value sûre.

Dans ce sens, la directrice générale du Caci a affirmé que «les statistiques récentes montraient que sur un marché de près de 300 000 tonnes annuellement de déchets spéciaux (pneus, huiles usagées, batteries…) en Algérie, seulement 150 000 tonnes sont valorisées et exploitées, soit 50%», a-t-elle indiqué. Cette déclaration montre on ne peut plus clairement que les pouvoirs publics ont un manque à gagner en ce qui concerne la prise en charge sérieuse de ce créneau qui est somme toute livré à lui-même.

Ces chiffres se rencontrent avec la donne concrète d’estimation des déchets multiformes qui avoisine les 13,5 millions de tonnes de déchets relevant des produits ménagers en général dont presque 7 millions de tonnes ne sont ni recyclés ni valorisés. C’est dire que le potentiel existant de déchets est en «friche» et non exploité, alors qu’il s’agit d’une richesse qui s’émiette sans que la sonnette d’alarme soit tirée afin que les pouvoirs publics prennent des mesures urgentes pour rectifier le tir et recadrer les objectifs de son exploitation et de sa récupération judicieuses.

Le paradoxe qui se pose dans cette filière à vocation foncièrement rentable, c’est que beaucoup d’entreprises étrangères affichent leur disponibilité d’engranger des marchés dans ce domaine relevant de la récupération et du recyclage des déchets. C’est ce qui ressort de la déclaration de la directrice de la Chambre algérienne du commerce et de l’industrie, Ouahiba Behloul responsable en chef du salon qui abritera la manifestation internationale de la valorisation et du recyclage des déchets. Dans ce sens, des entreprises américaines, françaises et sud-africaines veulent vraiment accéder à ce marché pour mettre en place des pôles industriels spécialisés dans la collecte et la valorisation du matériel informatique.

Ce paradoxe ne peut s’expliquer, étant donné que cette filière ne nécessite pas des grandes technologies et de maîtrise profonde des techniques de récupération et de recyclage pour que cela soit fait et opéré. Dans ce domaine propre aux recyclages des déchets, seul le potentiel national est en mesure de l’assurer en se basant sur les moyens et les capacités optimales des pouvoirs publics en impliquant la ressource humaine et des entreprises publiques et privées nationales pour enclencher l’amorce d’un processus de valorisation de nos déchets et leur recyclage tous azimuts.

Les déchets urbains, comme cela est appelé par les spécialistes de la question environnementale, constituent l’élément le plus important de la prise en charge en matière de recyclage et de valorisation comme priorité à entreprendre.

C’est dans ce volet lié aux déchets urbains que le développement durable prend tout son sens, puisque l’enjeu est de taille quand on sait que l’essentiel des déchets urbains est d’ordre industriel sans compter ce que cela entraîne comme conséquences sur le plan de sa gestion et de son coût pour le Trésor public.

La valorisation et la récupération des déchets passent d’abord par l’éradication des décharges anarchiques et leur substitution par des centres d’enfouissement technique (CET), c’est une opération périlleuse dans la mesure où ces décharges anarchiques constituent un vrai casse-tête pour les pouvoirs publics.

Dans ce sens, les services concernés ont éradiqué plus de 3000 décharges anarchiques, mais en contrepartie il n’y a pas eu de mise en place de centres d’enfouissement technique suffisants pour faire face à la quantité considérable des déchets produits. Il s’agit de 112 centres d’enfouissement technique qui ont été installés avec seulement 65 centres opérationnels, et parfois même ces cen- tres ne tiennent pas compte des spécificités des régions et des endroits, quant à l’enfouissement selon les critères tels que mentionnés dans le cahier des charges.

La faune et la flore

Le Salon international de la valorisation et de recyclage des déchets devrait être l’occasion pour les responsables nationaux de mettre en avant des alternatives concrètes en mesure d’allier l’approche nouvelle qui s’arc-boute au développement durable en osmose avec la démarche consistant en la protection et la promotion de l’espace vert et un environnement où la faune et la flore seront débarrassées des déchets ferreux et non ferreux porteurs d’indices de dégradation de notre écosystème.