Une fois n’est pas coutume, le coach national Vahid Halilhodzic n’a pas laminé dans la presse étrangère l’Algérie et sa sélection nationale. Fini le leitmotiv du genre “Nous avons l’équipe la plus faible du groupe H” ou encore “Je ne peux pas promettre aux Algériens le second tour” ; Halilhodzic redevient le “Wahid national” et recadre son discours. À la question du site FIFA.com de savoir jusqu’où l’Algérie a-t-elle le potentiel d’aller lors du prochain mondial, le technicien bosniaque rétorque sans ambages : “Si je ne pense pas qu’on peut faire quelque chose, j’arrête le football ! Je suis un gagneur. Je suis aussi conscient que l’Algérie est moins forte que la Belgique ou la Russie, mais combien de fois j’ai vu des petites équipes gagner contre des grands favoris ? Il faut se préparer, garder l’espoir et tenter quelque chose.” Et d’ajouter que “la Belgique est parmi les deux ou trois meilleures équipes d‘Europe. Elle possède de belles individualités à l’image d’Eden Hazard que je connais bien pour l’avoir eu sous mes ordres à Lille. Cette sélection peut-être l’équipe surprise de la prochaine Coupe du monde. Pour nous ce sera un grand test, la Belgique sera le grand favori face à nous. On va tout faire pour ne pas perdre en tout cas, et peut-être créer l’exploit.” Assurément que cela tranche avec un discours défaitiste décrié du reste par la presse et par la Fédération algérienne de football, et qui a été surtout à l’origine d’un conflit ouvert avec son président Mohamed Raouraoua. Ce dernier s’est même vu obligé d’adresser un questionnaire à son entraîneur pour lui demander de cesser “ces sorties rabaissantes qui sapent le moral des troupes.” Évoquant les deux autres adversaires du groupe H, la Russie et la Corée du Sud, Halihodzic reconnaît toutefois que “normalement dans ce groupe, la Corée du Sud est la plus faible, avec l’Algérie. C’est une équipe compacte et complexe qui propose un bon football, tout en passes, en vitesse, et en changement de rythme. Elle peut poser problème à mon équipe. Comme à chaque match, il faudra se préparer avec autant de passion que de sérieux, ne sous-estimer personne : il n’y a pas de petits matchs en Coupe du monde.” Pour ce qui est de la Russie, Vahid estime que “déjà, quand une équipe a un entraîneur comme Fabio Capello, cela force le respect… C’est un grand entraîneur, et la Russie est une grande nation du football. Depuis quelque temps, la Russie commence les compétitions à plein régime mais lève le pied ensuite. Mais avec un technicien comme Capello, cela ne va pas être le même refrain. Lui sait préparer son équipe que ce soit physiquement, tactiquement, mentalement ou techniquement.” En somme, pour Halilhodzic, “dans notre groupe, la Belgique et la Russie sont les favoris. La Corée du Sud et notre équipe peuvent éventuellement créer la surprise. Mais cela va être compliqué.”
“On peut encore beaucoup évoluer et progresser”
Par ailleurs, dans l’entretien accordé au site internet de la FIFA, Halilhodzic est revenu sur la campagne qualificative du Mondial : “L’Algérie est tombée dans un groupe qualificatif assez compliqué, avec le Bénin, le Rwanda et surtout le Mali, qui est depuis plusieurs années une des meilleures formations d’Afrique. Le Mali a fini troisième lors des deux dernières coupes d’Afrique des nations, ce qui est révélateur de sa régularité au plus haut niveau. Mais on a réussi un bon parcours en terminant largement en tête, avec sept points d’avance. Cela a « boosté » la confiance de mes joueurs. Au barrage, on a été confrontés à une autre équipe de qualité, le Burkina Faso, finaliste de la dernière CAN. Cela a été deux matches très compliqués. Mais nous avons tout de même réussi à vaincre cette équipe et à nous qualifier pour la Coupe du monde. Mon équipe est jeune et pleine d’espoir, elle a été complètement renouvelée il y a deux ans et demi. On peut encore beaucoup évoluer et progresser. Cette qualification va nous le permettre”, dit-il. Et d’enchaîner : “Avant mon arrivée, l’Algérie jouait un jeu davantage défensif, avec une tactique basée sur un bloc défensif très bas, avec un seul attaquant en pointe. Bien sûr, cette équipe a eu certains résultats. Mais j’ai voulu changer pour ne pas dire révolutionner sa façon de jouer. En tant qu’ancien attaquant, je me suis davantage tourné vers l’offensive, et j’ai voulu instaurer la culture de la victoire pour chaque match, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. L’Algérie a toujours eu l’habitude de gagner à domicile, mais pas à l’extérieur. Là aussi, j’ai essayé de changer les choses en parlant, en travaillant, en essayant de faire prendre conscience à mes joueurs qu’ils pouvaient gagner à l’extérieur. Au match aller, au Burkina Faso, on y allait pour gagner. J’avais aligné une équipe très offensive. On a inscrit deux buts, mais on a manqué deux occasions nettes. Mes attaquants ont manqué de réalisme et de chance. J’insiste, chaque fois qu’on a joué à l’extérieur, on est parti pour chercher la victoire. Là, ça n’a pas marché. Au match retour, la tension était énorme. Toute l’Algérie attendait impatiemment ce match. Ce n’était pas facile de préparer ce match. On a beaucoup travaillé. D’ailleurs jamais je n’aurais pensé travailler autant pour un match. Autant de petits détails, autant de préparation… Cela a été énorme. Et ça s’est bien fini puisqu’on s’est qualifié. On est un peu fatigué (sourires). Mais on est fier du travail accompli.” En outre, Vahid a rendu hommage au capitaine Madjid Bougherra. “Dans une équipe, il y a toujours deux ou trois capitaines. Notre premier capitaine c’est lui. Madjid est un des rares rescapés de l’ancienne équipe. J’attends de lui qu’il soit un leader positif. Ce qui est le cas. Il doit servir de transmission entre moi et les autres joueurs, surtout pendant le match. À un moment je lui ai mis la pression parce qu’il avait quelques kilos en trop. Je l’ai poussé à retrouver davantage la forme. Cela se passe bien entre nous, c’est important de trouver un capitaine qui prend le rôle de sélectionneur sur le terrain. Je dispose d’autres joueurs capables de porter le brassard, mais lui joue pleinement son rôle.” À noter enfin que Halilhodzic ne s’est pas encore exprimé sur l’offre de prolongation de contrat de la FAF, même si des proches à lui affirment qu’il n’ira pas au-delà du Mondial.
S L