Vagues de froid, intempéries…., SDF, les laissés-pour-compte !

Vagues de froid, intempéries…., SDF, les laissés-pour-compte !

Cette année, l’hiver a été l’un des plus froids qu’ait connu notre pays. Le pays a connu, et connaîtra des vagues de froid et d’intempéries sans précédents.

Il est vrai que les Algériens, surtout dans les coins les plus reculés, ont connu des routes coupées, des inondations… mais les personnes les plus démunies ont le plus souffert des conditions météorologiques notamment les sansabris, qui faute d’une véritable action sociale à leur égard ont dû affronter, seuls, les caprices de mère nature. Heureusement l’élan de solidarité de nos concitoyens a été au rendez-vous, notammentgrâce à des bénévoles qui ne sont pas restés au chaud dans leur domicile.

Par un humanisme sans précédent et en utilisant la nouvelle technologie pour récolter des dons (réseaux sociaux, collectifs d’associations…), ces bénévoles on été aux côtés des SDF pour leur apporter réconfort et solidarité en distribuant des repas chauds. C’est notamment le travail qu’entreprend le collectif « Solidarité populaire, le coeur sur la main ». Ce dernier est maintenant connu pour son organisation à Alger des rondes solidaires, ou à bord d’un véhicule transortant des aliments et des vêtements chauds qui sont pratiquement distribués tous les soirs.

Depuis maintenant plus d’un an, « Solidarité Populaire, le coeur sur la main », avec peu de moyens, arrive néanmoins à couvrir difficilement 200 repas pour les SDF. Ce collectif de bénévoles, qui ne cesse de connaître chaque jour plus d’adhérents, explique dans sa page officielle Facebook, que « nous avons tous, chacun à notre niveau, un devoir d’aider les gens dans le besoin et nous ne pouvons accepter d’être pris en otage par une sorte d’impérialisme algérien…. ».

Pour ce groupe, majoritairement composé de jeunes, l’objectif est certes d’apporter plus de réconfort à cette frange de la société oubliée par les pouvoirs publics mais c’est également pour faire face au nombre de décès des sans-abri qui ne cesse de croître chaque année. D’autant plus que pour eux : « Les politiques menées par l’Etat produisent de plus en plus d’inégalités et la pauvreté avance malgré le déni des autorités ». L’ajustement structurel et la politique économique actuelle ont accru la précarité de certaines couches les plus modestes et porté atteinte à l’exigence de respect de la dignité humaine.

Bien qu’il semble penser que c’est le prix à payer pour renouer avec la croissance, l’Etat ne peut plus continuer à cacher une réalité cruelle derrière l’accroîssement des réserves financières qui est le résultat des seuls sacrifices de la société. Il ne peut pas demander, non plus, que les victimes de son orientation attendent résignées qu’elle apporte un jour des fruits. La société civile doit intervenir pour dire qu’il n’y a pas de fatalité sociale car l’Etat est de moins en moins présent pour pallier les conséquences de sa politique.

Pour rappel, une étude, a fait ressortir que le nombre de SDF en Algérie dépasse les 140.000 personnes, dont 30.000 enfants et 25.000 femmes. Conscient de la difficulté de ce genre d’actions, face à un individualisme grandissant, le collectif explique que « la protection et l’accompagnement des plus vulnérables font d’autant plus défaut que le pouvoir refuse tout contrôle démocratique sur la gestion des différents dispositifs de lutte contre la pauvreté. C’est pourtant une modalité indispensable de son succès.

Elle passe par l’implication des citoyennes et des citoyens dans l’élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l’évaluation de la stratégie mise en oeuvre. Elle exige un partenariat entre tous les acteurs du développement tels que les institutions, la société civile, les collectivités locales et les entreprises. Cette démocratisation de la lutte contre la pauvreté est une des dimensions de la démocratisation de l’Etat. Mais les Algériennes et les Algériens les plus endétresse ne peuvent pas attendre un Etat démocratique. Car l’hiver est là ! »

Kahina Hammoudi