Vaccination scolaire: On a torpillé l’opération

Vaccination scolaire: On a torpillé l’opération

Les charlatans de l’audiovisuel ne se sont pas fait prier pour combler le vide et sévir. Ils ont fait mal. Très mal. Et au grand dam de la science et de l’entendement.

Parasitée de toutes parts, la campagne de vaccination qui cible les écoliers aura été un vrai flop. Nombreux sont les faux pas qui ont conduit cette dernière à l’impasse. A commencer par les errements et les incohérences des hautes autorités sanitaires qui ont pèché par un manque d’anticipation flagrant, laissant le champ libre à bien des charlatans royalement servis par quelques télévisions privées en mal de scoops. En effet, le commun des observateurs reproche aux responsables en poste au département de tutelle d’avoir omis d’organiser, au préalable, une action de sensibilisation de la population, qui aurait pu faire office de bouclier contre les attaques médiatiques hasardeuses. Les charlatans de l’audiovisuel ne se sont pas fait prier pour combler le vide et sévir.

Ils ont fait mal. Très mal. Et au grand dam de la science et de l’entendement. Résultat des courses: la dite campagne de vaccination est dans l’impasse. Certes l’on a reproché au gendarme de l’audiovisuel d’avoir manqué à ses prérogatives en matière de contrôle du déchaînement dont ont fait preuve certaines TV privées. Mais accuser cette seule instance de la sorte serait un pur raccourci. D’autres intervenants…insolites, se sont invités au débat et ont nourri d’un avis approximatif la controverse. Citons à ce titre l’Apoce (Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement). Cette dernière aurait mieux fait de pérorer sur les prix de la tomate ou de l’ail que d’ajouter à l’amalgame et à la confusion générale qui ont fini par saborder la vaccination contre la rougeole et la rubéole en milieu scolaire, relève-t-on après coup. En somme, cette organisation et bien d’autres associations se sont purement et simplement engouffrées dans une dangereuse brèche.

Les fameux formulaires remis aux parents afin qu’ils autorisent ou pas leur progéniture à être vaccinée aura pour sa part fini par anéantir tout espoir de voir les craintes des uns et des autres se dissiper. Ladite autorisation aura vite fait d’ajouter aux craintes des tuteurs et donc d’asseoir définitivement une fin de non-recevoir au vaccin. Le ministère de la Santé aura par la suite vainement tenté de rassurer sur le fait que les effets indésirables constatés chez certains enfants vaccinés ne comportaient aucun danger sur leur santé, alors que la ministre de l’Education nationale aura beau répéter que les formulaires remis aux parents d’élèves concernant la campagne de vaccination était «une initiative individuelle» de certains directeurs d’établissements éducatifs et que la campagne de vaccination menée par le ministère de la Santé est ordinaire, mais rien n’y fut.

Le coup est parti. Conclusion: près de sept millions d’écoliers boycottent le vaccin contre la rubéole et la rougeole en milieu scolaire. Un vaccin sensé protéger tout une génération d’enfants et autant d’hommes et de femmes en devenir. Les statistiques du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne font état que d’un demi-million d’ élèves vaccinés pour le moment, un bien maigre score lorsque l’on sait que la période annoncée pour la campagne de vaccination s’étalait du 6 mars dernier et ce jusqu’au 15 du même mois.

Aussi, seuls 500.000 élèves, sur un total de sept millions, ont été vaccinés à ce jour, signale-t-on par voie de presse. Un bien maigre score. Le déploiement d’une armée de médecins et de paramédicaux en vue d’épuiser les sept millions de flacons et de vacciner tous les concernés n’aura pas été d’une grande utilité. Face à ce chaos, le ministère évoque une prolongation du délai en faveur de la campagne de vaccination, avec à la clé le recours aux centres de santé de proximité.