En Algérie, langues étrangères est synonyme de matières secondaires… enseignées dans la plupart des cas en fin de journée.Le glas a-t-il sonné pour la langue d’Al Moutanabbi au Maroc ? La question mérite d’être posée, surtout après que le ministre de l’Education, Rachid Belmokhtar, a présenté au roi Mohamed VI un plan de «sauvetage» de l’enseignement public.
Ainsi, le processus d’arabisation mis en branle il y a trois décennies risque d’être supplanté par l’enseignement des langues étrangères, notamment le français et l’anglais. Partant, c’est le caractère «sacré» de la langue arabe qui vient de perdre toute sa symbolique. C’est un «tabou» qui vient d’être brisé.En dépit des résistances rencontrées au sein du gouvernement islamiste du PJD, le nouveau ministre de l’Education semble ne reculer devant aucune entrave, puisque, apprend-on de source sûre, il aurait eu l’accord du souverain alaouite en personne, «court-circuitant» son chef de l’exécutif, Abdellilah Benkirane.L’enseignement des matières scientifiques et techniques en français n’est qu’une question de mois, puisque les réformes annoncées seront mises en œuvre à compter de la prochaine rentrée scolaire et universitaire. Le royaume chérifien vient donc d’emboîter le pas à la Tunisie, qui, plusieurs années plus tôt, avait opté pour les deux langues.Ce n’est pas tout. Le ministre marocain de l’Education envisage même l’enseignement de la langue de Molière à partir de la première année primaire, au lieu de la 3e actuellement. La stratégie 2015-2030 accorde également une grande importance à l’enseignement de l’anglais, qui fera son entrée à l’école publique dès la quatrième année primaire. Au lycée, des disciplines scientifiques et techniques seront enseignées en français et en anglais. Une initiative qui, non seulement améliorera la qualité de l’enseignement, mais surtout coupera l’herbe sous les pieds du courant islamo-conservateur, qui a de tout temps fait de la langue arabe un soubassement linguistique à son projet idéologique.
Qu’en est-il en Algérie ? La réponse est évidente : langues étrangères est synonyme de matières «secondaires». Elles sont programmées dans la plupart des cas en fin de journée. On les assimile également à l’échec chaque fois que les notes de français ou d’anglais à l’examen du bac sont mauvaises. Jusqu’à quand continuera-t-on à faire de nos enfants des cobayes pour des desseins purement idéologiques ? L’heure n’est-elle pas au pragmatisme ?