Les Américains monnaient le passage de leurs avions par un échange d’informations
Après des moments d’expectative et un temps d’observation, les Américains y vont avec leurs drones.
Ce sont les drones Prédator qui accompliront le job au Sahel. Mais avant d’atteindre l’épicentre du conflit, au Mali, ces drones qui décolleront d’une base fraîchement acquise au Niger, doivent traverser l’espace aérien algérien. De sources diplomatiques, on indique que les Américains ont proposé deux options à leurs partenaires algériens.
La première consiste en l’achat, par l’Algérie, des drones pour la surveillance des frontières et traquer les éléments terroristes dans la région. La seconde porte sur l’ouverture de l’espace aérien algérien pour le passage des drones US. Nos sources précisent que les Etats-Unis «ne vendent jamais de drones armés aux autres pays». Et «la vente de drones de surveillance passe par un processus très long et compliqué». Or, le temps urge. Il ne reste donc que l’option de l’ouverture de l’espace aérien.
Dans ce cas, les Américains monnaient le passage de leurs avions par un échange d’informations. «En échange de l’ouverture de l’espace aérien, les Américains vont fournir de l’information sur le mouvement et la position des groupes terroristes dans la région et le long des frontières algériennes», indique la même source. Cette déclaration a été d’ailleurs corroborée par une information publiée, le 27 février, par le New York Times.
Selon ce journal, l’ambassadeur des États-Unis à Alger, Henry S. Ensher, et des officiels de haut niveau de la lutte contre le terrorisme ont proposé de partager plus d’informations avec les forces de sécurité algériennes afin de les aider à capturer ou à éliminer des terroristes sur leur sol ou dans des zones proches de leurs frontières. Selon le même journal, l’idée d’une traque énergique de Mokhtar Belmokhtar et des membres d’Al Qaîda au Maghreb islamique, a fait un large consensus parmi les services du renseignement, les hauts responsables de la Maison-Blanche ainsi que ceux du Pentagone. Mais pour donner corps à ces décisions sur le terrain, les Américains ont pris le soin de faire des propositions concrètes à leurs partenaires algériens.
C’est dans cette perspective que les responsables politiques n’ont pas tari déloges quant au rôle de l’Algérie dans la région du Sahel. S’exprimant devant le Congrès le 15 février dernier, le futur chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom), le général David Rodriguez, a déclaré que l’Algérie est le leader régional qui dispose des capacités permettant de coordonner les efforts des pays du Sahel face aux menaces contre la sécurité transnationale.
Interrogé par les sénateurs sur le rôle de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme et comment envisagerait-il la coopération algéro-américaine face à la situation au Mali, le même responsable a répondu d’emblée que l’Armée algérienne est la plus capable de celles de tous les pays d’Afrique du Nord. «Je considère l’Algérie comme un leader régional, capable de coordonner les efforts des pays du Sahel pour faire face aux menaces contre la sécurité transnationale», a-t-il affirmé.
Cette position de leader dans la région est également partagée par la France selon laquelle l’Algérie reste le «meilleur allié» de la France. Dans une contribution publiée, jeudi dernier, par l’hebdomadaire Marianne, le général de corps d’armée français, Henri Poncet, a estimé que «l’Algérie s’est courageusement engagée au côté de la France pour soutenir son engagement au Mali».
«De facto, l’Algérie s’est militairement engagée à nos côtés, alors qu’elle avait de bonnes raisons de laisser la France assumer seule les conséquences de la guerre contre le régime du colonel Kadhafi, qu’elle avait estimées désastreuses pour toute la bande sahélienne», ajoute le militaire français. L’Algérie, qui a en fait la douloureuse expérience, sait que la guerre contre le terrorisme n’est jamais terminée. Une conviction partagée par les Américains qui ont appris à leurs dépens que la nébuleuse d’Al Qaîda, même décapitée, dispose toujours de sa force de frappe et qu’il va falloir focaliser cette région.
Cependant, les réseaux jihadistes ont trouvé un terrain de prédilection dans ces régions d’Afrique du Nord, hors de portée de drones et des agents de la CIA. C’est sur ce terrain justement que la CIA souffre d’un manque flagrant d’informations. Les hauts responsables des services de renseignements US expliquent cette défaillance par un manque de ressources financières et humaines.
Ce ne sera plus le cas. Aux drones stationnés au Niger, se sont joints près de 100 militaires US sans compter tout le cortège de civils qui les assistent. Les choses sérieuses ne font que commencer. Drone de guerre au Sahel.