Quel crédit peut-on accorder à des déclarations biaisées lorsque leurs auteurs se veulent juges et partie?
Sans préciser la forme que prendra son aide à la rébellion, la Maison-Blanche a annoncé jeudi un soutien militaire aux rebelles syriens.
La Maison-Blanche a estimé jeudi qu’une «ligne rouge» avait été franchie en Syrie, et accusé Bachar al-Assad d’avoir utilisé des armes chimiques, dont du gaz sarin, annonçant un soutien militaire, sans autres précisions, aux rebelles syriens.
La Maison Blanche s’est abstenue de détailler la forme que prendrait cette assistance militaire. Elle n’a pas, à ce stade, annoncé de décision d’armer les rebelles face au pouvoir du président Bachar al-Assad, évoquant simplement une augmentation de son aide non létale et assurant qu’elle prendrait «des décisions à (son) propre rythme».
L’administration a aussi souligné qu’aucune décision sur une zone d’exclusion militaire n’avait encore été prise.
Les Etats-Unis vont toutefois laisser en Jordanie, pays frontalier de la Syrie, des chasseurs F-16 et des missiles Patriot, ainsi qu’une unité de Marines sur des navires amphibies, à la fin d’exercices militaires communs, a annoncé jeudi un responsable américain de la Défense sous couvert d’anonymat. Entre 100 et 150 personnes au minimum ont été tuées dans des attaques chimiques, a de son côté annoncé dans un communiqué Ben Rhodes, conseiller adjoint de sécurité nationale du président américain.
«Le président a clairement dit que l’utilisation d’armes chimiques, ou le transfert d’armes chimiques à des groupes terroristes, était une ligne rouge pour les Etats-Unis», a-t-il expliqué.
«Le président a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c’est le cas». «Nous pensons que le régime Assad garde le contrôle de ces armes. Nous ne disposons pas d’informations solides, corroborées, indiquant que l’opposition en Syrie a acquis ou utilisé des armes chimiques», a-t-il indiqué. Le sénateur républicain John McCain avait pour sa part annoncé au Sénat américain, quelques minutes avant, que des armes seraient bien livrées aux rebelles, citant «plusieurs sources fiables», avant finalement de faire machine arrière. Réagissant aux déclarations de la Maison Blanche, l’ambassadeur britannique à l’ONU Mark Lyall Grant a rappelé que son pays soulignait «depuis un moment qu’il existait des preuves convaincantes de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien», ajoutant que le Royaume-Uni était «en consultations avec le gouvernement américain et les autres alliés sur les prochaines étapes». L’annonce américaine, neuf jours après que la France ait déclaré être certaine de l’utilisation d’armes chimiques, intervient alors que l’aéroport international de Damas a été la cible jeudi d’une rare attaque au mortier par les rebelles, selon les médias officiels. Face aux récentes victoires de l’armée syrienne sur les rebelles, une rencontre est prévue vendredi en Turquie entre des représentants de pays soutenant l’opposition et le chef du Conseil militaire suprême de l’armée syrienne libre, Sélim Idriss, pour discuter d’une «mise en oeuvre concrète» de l’aide à la rébellion. Selon une source occidentale, le général Idriss est considéré comme un interlocuteur fiable par les Occidentaux.
Les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d’une position stratégique de l’armée à mi-chemin entre Damas et Alep (nord), tuant six soldats et s’emparant d’armes et munitions.
Depuis la chute de Qousseir, Washington, Paris, Londres, Ankara, Riyadh, multiplient rencontres et contacts pour aider les rebelles.
Armes chimiques
Damas accuse Washington de ´´mensonges´´
Le régime syrien a qualifié hier de «mensonges» les accusations des Etats-Unis sur un recours par l’armée syrienne à des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, selon l’agence officielle Sana. «La Maison Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées à travers lesquelles elle a tenté de faire assumer au gouvernement syrien la responsabilité d’un tel usage», a indiqué un responsable des Affaires étrangères. D’après lui, ces accusations interviennent «après des rapports affirmant que les groupes terroristes armés actifs en Syrie (rebelles) sont en possession d’armes chimiques mortelles et de la technologie nécessaire pour leur fabrication. Les Etats-Unis ont durci leur position face au régime en Syrie en l’accusant pour la première fois clairement d’avoir eu recours aux armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles et en promettant une aide militaire aux insurgés. Le responsable syrien s’en est pris également à cette décision. «La décision américaine d’armer les groupes terroristes armés démontre (…) l’implication directe des Etats-Unis dans le bain de sang syrien», a-t-il dit. «Cela pose des questions sérieuses concernant leur bonne foi à contribuer à trouver une solution politique à la crise en Syrie», a ajouté le responsable, en référence aux efforts de Washington et de Moscou d’organiser une conférence de paix internationale entre régime et rebelles.