Utilisation de la dynamite, pollution et non-application de la loi : le poisson sera bientôt une espèce en voie d’extinction des côtes algériennes

Utilisation de la dynamite, pollution et non-application de la loi : le poisson sera bientôt une espèce en voie d’extinction des côtes algériennes

De 280.000 tonnes/an il y a dix ans, la production halieutique est tombée à 72.000 tonnes/an. Cette chute, Hocine Bellout, membre du bureau national de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), président de l’Organisation des pêcheurs, l’impute au non-respect de la période de repos biologique par des pseudo-professionnels véreux dont le seul souci est le gain facile et sans scrupule. A cela, expliquera Hocine Bellout, lors d’une conférence de presse animée au siège de l’Ugcaa, il faut ajouter la pollution marine.

Mais un autre phénomène, considéré comme le plus néfaste à la profession et à la faune et à la flore marines, demeure sans conteste l’utilisation, par certains patrons de pêche, de la dynamite. Même si le président de l’organisation des pêcheurs au niveau de l’Ugcaa tente d’en minimiser l’importance, il avoue quand même que son utilisation reste d’actualité. « Ce procédé est en train de ruiner l’avenir du secteur. Un seul bâton lancé dans un endroit et cette zone est « brûlée » pour 50 ans.

C’est-à-dire, tout simplement, que pendant 50 ans, plus aucun poisson ne viendra frayer dans les lieux », a expliqué Hocine Bellout. D’où et comment obtiennent les pêcheurs cette matière ? Le membre du bureau national de l’Ugcaa révélera qu’elle arrive des carrières ou bien qu’elle est l’œuvre d’artificiers qui en maîtrisent la fabrication. C’est grave, reconnaît-il, mais comment éradiquer ce fléau ? Pour Hocine Bellout, plusieurs patrons pêcheurs ont été pris en flagrant délit de possession de dynamite par les gardes-côtes qui les ont présentés à la justice.

Mais, a indiqué le chef de file des pêcheurs au niveau de l’Ugcaa, cette dernière a été clémente. Pour le repos biologique, Bellout a préféré ne pas trop s’étaler sur le sujet pour ne pas froisser certaines susceptibilités, insistant plutôt sur l’inconscience des professionnels de la mer, reconnaissant, en outre, que les textes en la matière existent mais qu’ils ne sont pas appliqués. Le garant de l’application de ces textes n’est autre que la marine nationale. A ce rythme, a indiqué l’orateur, le poisson dont le prix a dépassé, aujourd’hui, tout entendement, ne sera plus qu’un vague souvenir pour l’Algérien. 11 sur les 194 espèces de poissons recensées sur les côtes algériennes sont en voie de disparition.

Les chiffres avancés par les pouvoirs publics en matière de production halieutique sont erronés. « Ils donnent une production de 200.000 tonnes/an alors que le chiffre réel de la production annuelle recensée au niveau des 31 ports algériens et collectée par les 4 250 unités de pêche qui y activent n’est que de 72.000 tonnes », révélera Hocine Bellout. Pour étayer sa déclaration, l’intervenant précisera que, pour pallier le manque à gagner en la matière, l’Algérie importe 400.000 tonnes de poisson par an, alors que la crevette, le merlan, l’espadon et d’autres espèces dites « nobles » sont exportés vers les pays européens, a fait savoir Bellout.

Ajoutons à tout cela l’anarchie qui règne au niveau des ports. Une pagaille provoquée par l’informel et l’incapacité de gérer de l’Entreprise de gestion des ports et abris de pêche (EGPAP), dira en conclusion le représentant des pêcheurs.

Mohamed Tahar