Le président syrien a réagi, dans une interview au quotidien russe Izvestia, aux accusations occidentales sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime, en assurant que l’armée syrienne n’a pas utilisé d’armes chimiques contre les rebelles la semaine dernière près de Damas.
Le président syrien estime que “les déclarations faites par des hommes politiques aux États-Unis et en Occident sont une insulte au bon sens et témoignent du mépris quant à l’opinion de leur peuple”. “C’est un non-sens : accuser d’abord et recueillir les preuves ensuite”, a-t-il poursuivi, à juste raison. Bachar El-Assad met en garde les Américains : “Les États-Unis essuieront un échec comme lors de toutes les guerres précédentes qu’ils ont lancées, à commencer par le Vietnam.” “L’Amérique a mené plusieurs guerres et n’a jamais atteint les objectifs pour lesquels ces guerres ont été déclarées”, ajoute le président syrien, avant de conclure : “Personne ne réussira à transformer la Syrie en une marionnette des Occidentaux.” Les experts de l’ONU devaient entamer leurs investigations hier sur les lieux de l’attaque chimique présumée, dans la région de la Ghouta orientale, où l’opposition et les pays occidentaux accusent l’armée syrienne d’avoir tué des civils par centaines.
La France et la Grande- Bretagne ont accordé leurs violons pour déclencher une intervention contre Damas, même sans unité au Conseil de sécurité. Seulement, Paris qui bombe le torse dans cette affaire, rappelant sa posture et ses manigances pour faire envahir la Libye de Kadhafi par l’Otan, s’aventure pour expliquer le mode d’action envisagé pour destituer Bachar El-Assad ! L’allié russe du régime syrien qui bloque une éventuelle intervention commune au Conseil de sécurité de l’ONU se fait, lui, menaçant, mettant en garde contre tout casus belli, allant jusqu’à avertir les États-Unis d’un retour à la guerre froide. Le président américain a mobilisé sa sixième flotte méditerranéenne et a fait monter d’un cran son ton, passant en revue toutes les options, y compris militaire, mais il reste pour le moment très prudent sur cette dernière éventualité. L’an dernier, le président américain avait estimé que l’utilisation d’armes chimiques par Damas constituerait une “ligne rouge”. Le secrétaire d’État, John Kerry, a contacté le secrétaire général de l’ONU et ses homologues britannique, français et canadien. Il leur a avoué avoir “très peu de doutes” quant à l’usage d’armes chimiques par Damas. La Turquie se dit prête à rejoindre une coalition contre la Syrie, même sans consensus à l’ONU. Mais entre cette annonce et sa faisabilité, il y a un fossé. Le ministre turc des AE, Ahmet Davutoglu, n’a-t-il pas plutôt placé ses œufs dans l’inspection de l’ONU qui doit prendre une décision sur des sanctions, si l’accusation contre Damas se révèle avérée ? Et si des décisions ne sont pas prises, alors la communauté internationale pourrait choisir d’autres options, selon lui. Davutoglu a annoncé que 37 pays discutaient déjà de ces options. La France, qui a redoré son blason interventionniste en Libye et récemment au Mali, pousse à l’intervention en affirmant à qui veut l’écouter que le feu vert du régime syrien aux inspecteurs onusiens est “trop tardif”, car les bombardements intensifs des derniers jours ont altéré les preuves disponibles. Ce qui n’est pas l’avis des experts en armes non conventionnelles pour lesquels il reste toujours des traces.
D. B