Bien décidés à aller au bout de leur conviction, les supporters du Mouloudia ont choisi de poursuivre leur mouvement de contestation contre les instances de football. Considérant que leur club est victime d’un acharnement de la part de la Ligue nationale et de la FAF, les fans du Doyen se sont réunis hier matin au niveau d’Al Kitani.
Fief de la contestation mouloudéenne, les Chnaoua, qui étaient près de 600, ont décidé d’agir pour capoter la programmation du derby dans une enceinte qu’il juge très hostile aux Vert et Rouge. Ayant eu vent que les joueurs avaient rendez- vous à l’hôtel Sheraton pour ensuite se rendre à El Harrach pour affronter les hommes de Boualem Charef, près de 500 se sont rendus à la va vite sur les lieux. Un barrage a été donc dressé à trois cents mètres du lieu du regroupement. Aucun joueur de l’équipe ne pouvait contourner cet axe pour se rendre à son rendez-vous sans présenter des justificatifs. Il était donc 11h30, lorsque le ballet incessant des joueurs a commencé. Les supporters en question n’avaient qu’un seul mot suspendu à leurs lèvres : «Boycotter coûte que coûte le match !» Voulant faire entendre raison à leurs joueurs, certains cadres de l’équipe ont fait savoir à leurs interlocuteurs qu’ils étaient que de simples employés qui doivent exécuter les directives de leurs dirigeants et que la décision finale revenait au président du club.
Le véhicule de Besseghier endommagé
En sa qualité de capitaine d’équipe, Abdelkader Besseghier semble avoir trinqué à la place de ses dirigeants qui étaient à ce moment introuvables. Après avoir entamé les discussions avec l’enfant de Mascara, celui-ci a eu droit aux représailles des protestataires qui lui ont endommagé son véhicule. C’était une sorte de message fort lancé à l’endroit des joueurs et des dirigeants du club qui avaient promis de boycotter le derby.

Une vingtaine de supporters se sont invités à la réunion avant d’être renvoyés
Voulant aller plus loin dans leur entreprise, les supporters ont réussi à investir le hall de l’hôtel. Ils étaient presque vingt fans à donner de la voix. Ils sont même réussis à s’inviter à la réunion des joueurs avec leurs responsables. Après une interruption de quelques minutes, les services de sécurité du Sheraton sont intervenus pour faire sortir les intrus. Au moment de quitter les lieux, il y avait presque quarante supportes qui étaient aux portes de l’établissement mais eux n’ont pas réussi à franchir le point de contrôle. A défaut d’arriver jusqu’aux joueurs, les supporters ont réussi leur pari d’intimidé leurs troupes qui avaient une peur de représailles en cas où ils exécutaient les directives de leur employeur. C’est plus cette peur qui a contraint les hommes de Zémiti à rester recroquevillés à l’hôtel avant de décider enfin de prendre le chemin d’El Harrach. Il faut dire que le mauvais temps et la pluie diluvienne devaient inciter les contestataires à se disperser.
Face à l’hystérie collective,les joueurs sont descendus du bus
Ayant pris la décision de se rendre au stade d’El Harrach, les joueurs ont profité de la pluie torrentielle pour prendre place dans l’autocar qui devait les emmener à bon port. Mais c’était sous-estimer les supporters qui sont restés malgré le mauvais temps. Très vite, presque soixante supporters étaient aux aguets avec la ferme détermination d’immobiliser l’autocar du club. Devant l’opiniâtreté des Chnaoua qui étaient dans une phase d’hystérie générale, certains n’ont pas hésité à exhiber des armes blanches. De quoi intimidé les joueurs qui sont descendus du bus afin de trouver refuge dans le hall de l’hôtel devenu inaccessible pour les révoltés. Très déçus par la volte-face du président du conseil d’administration, Hocine Amrouche, qui avait promis dans un premier lieu de boycotter le match avant de revenir sur sa décision, cela a eu pour effet d’exaspérer à un point inimaginable les Chnaoua qui étaient dans une colère incontrôlable. Ils étaient prêts à tout, quitte à procéder au caillassage de l’autocar de l’équipe pour arriver à leur fin.
Nouvelle réunion d’urgence avec Amrouche
Face à la tournure des événements, les joueurs se sont réunis en urgence avec le président du conseil, Hocine Amrouche. Devant le stress grandissant de ses joueurs qui ont peur des représailles, le premier responsable les à rassurer qu’aucune décision qui mettrait leur intégrité physique en danger ne sera prise.
Les forces de l’ordre n’ont pas réussi à sécuriser le périmètre
Malgré l’intervention énergique des forces de l’ordre, il était impossible de sécurité le périmètre dans un laps de temps très court. Et c’est justement cette incapacité à assurer la sécurité des joueurs qui a incité par la suite les responsables du Mouloudia à prendre une décision radicale.
A 16h, le Mouloudia déclare officiellement forfait
Alors qu’il ne restait qu’une heure avant le coup d’envoi, il était difficile voire impossible de quitter l’hôtel Sheraton sans mettre les joueurs en danger. Avec une pluie diluvienne et une chaussé très glissante, c’était tenter le diable de se rendre à El Harrach. Pris en tenaille, la direction du Mouloudia par le biais de Amrouche a déclaré officiellement forfait. Il était 16 h lorsque le président du conseil a annoncé la nouvelle à ses joueurs auxquels il a demandé de regagner leurs chambres d’hôtel pour se reposer et se remettre de quarante-huit heures de très haute tension.
Faux barrages à Staouéli et Bouchaoui
Dans le cas où le cortège parviendrait à passer le premier barrage, les protestataires avaient tout prévu pour capoter le déroulement du derby. Des véhicules étaient prêts à surgir au niveau de Staouéli et Bouchaoui afin d’empêcher l’autocar du club d’arriver à destination. Et avec une chaussée rendue très glissante par la pluie, on aurait pu frôler la catastrophe si les Mouloudéens avaient pris la décision de se rendre au stade 1er-Novembre. Qui sait ce qui aurait pu arriver à ce moment-là face à des supporters hystériques ?
Les joueurs ont commencé à quitter l’hôtel vers les coups de 20h
Les quelques heures passées dans leurs chambres d’hôtel ont permis aux joueurs de décompresser et surtout de faire le vide après deux jours très tendus avec leurs supporters. Ce n’est que vers 20 h et après s’être assurés que tous les contestataires ont quitté les lieux que les joueurs ont pu regagner leur domicile avec le sentiment d’avoir flirté avec le danger.
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Nuit de doute chez les joueurs
Lundi dernier, les joueurs du Mouloudia ont passé presque toute la soirée à s’appeler entre eux et demander à leurs dirigeants si le derby aura lieu ou pas. Les coéquipiers de Bouguèche étaient au courant qu’une réunion d’urgence se déroulait au siège de Sonatrach pour prendre une décision finale. Cependant, les joueurs étaient presque certains que la rencontre n’aura pas lieu du fait qu’ils ne se sont pas entraînés et qu’ils n’ont pas effectué de mise au vert comme à leur habitude. Autrement dit, l’équipe ne s’est pas préparée pour jouer son match face à El Harrach et les joueurs n’attendaient qu’une confirmation de leurs dirigeants pour leur confirmer le report du derby ou de son boycott.
Ils ont été surpris hier matin d’être convoqués à l’hôtel Sheraton
Hier matin, les joueurs du Mouloudia ont été surpris de recevoir un appel de leurs dirigeants pour les informer qu’ils étaient convoqués à l’hôtel Sheraton munis de leur équipement. Les poulains de Zemiti se demandaient s’ils allaient réellement jouer le match, du fait qu’ils n’ont effectué aucune préparation pour ce match et les dirigeants les ont informés que la décision finale sera prise à l’hôtel. Toutefois, les joueurs savaient que la décision de jouer était bel et bien prise, car si on leur avait demandé de ramener leur sac, ce n’est pas pour discuter, mais pour jouer le match.
Ils ont fait savoir aux responsables qu’ils avaient peur des représailles des supporters
Une fois au Sheraton, les joueurs du Mouloudia ont clairement fait savoir aux dirigeants qu’ils refusaient de jouer ce match, pour la simple raison qu’ils ont peur des représailles du public. En effet, lundi dernier, les supporters qui les ont empêchés de s’entraîner ont proféré des menaces envers les joueurs pour les dissuader de se déplacer au stade de Mohammadia. C’est pour cette raison que les joueurs ont clairement affiché leur refus de jouer, d’autant que dans les alentours de l’hôtel Sheraton, des supporters qui étaient présents sur les lieux les ont menacés, une fois de plus.
Réunion d’urgence avec Kaoua
Face à cette situation, Kaoua aurait tenu une réunion d’urgence pour débattre de la situation avec les joueurs et essayer de les convaincre de disputer la rencontre, car ils ne peuvent s’opposer à la décision des responsables de Sonatrach. Toutefois et lors de ladite réunion, les joueurs ont fait savoir à Kaoua qu’ils n’avaient en aucun envisagé de bouder le match, même s’ils se sentaient lésés par la décision de la LFP, lui rappelant qu’ils ne voulaient pas subir la colère des Chnaoua.